Ces objectifs, que nous nous étions fixés au départ de notre expérimentation, constituent en quelque sorte le fondement de notre démarche.
Rappelons qu’au démarrage de notre action, nous avions annoncé que l’expérimentation devait faire ressortir :
– l’aspect distributif,
– la mise en commun,
– le principe de l’abondance et non de la rareté,
– la solidarité, le partage et le lien social qui en découlent,
– la préfiguration d’une autre société.
Nous avions fait le pari que le public concerné devait être représentatif d’un éventail très large de la société, allant du chômeur au cadre supérieur, en passant par le retraité et le demandeur d’asile.
Néanmoins, nous avons constaté, entre autres, au fur et à mesure de l’évolution de notre expérience :
– une disproportion entre les exclus (trop nombreux) et les inclus. Pour pallier cela, nous tentons inlassablement de relancer nos partenaires, de sensibiliser notre entourage.
– la difficulté de mettre en pratique notre idée de revenu d’existence : il y a en fait trop de monnaie en circulation par rapport aux marchandises, aux produits, aux services offerts.
– les demandes sans cesse croissantes de bons d’achats et l’incompréhension du fait que notre expérience n’est pas une œuvre sociale, mais une action plaçant chacune et chacun sur un pied d’égalité : on reçoit, mais on donne aussi.
– les offres de services par des personnes restent souvent sans suite.
C’est à partir de ces constats que nous avons tenté de tirer des conclusions, de faire des efforts de simplification qui peuvent se résumer ainsi :
– l’idée qui consiste à partager à parts égales la valeur des biens et services mis en circulation, et laissant préfigurer le revenu d’existence, devra être momentanément mise en sommeil en attendant que les biens et services augmentent, mais elle n’est pas abandonnée pour autant.
– le principe du don et contre-don doit être maintenu.
– une relance, une mise en lien avec les offres de services, doivent être effectuées systématiquement.
– les services effectivement rendus doivent permettre d’acheter des bons d’achat, des denrées périssables, des marchandises mises en vente.
– les biens et marchandises non périssables, vêtements, jouets, livres, meubles, seront en principe (sauf demande expresse) mis gratuitement à la disposition de tout le monde. Chaque visiteur du marché peut emporter au maximum 3 objets ou produits. S’il devait en acquérir plus, il règlerait en monnaie solidaire.
Les personnes qui rendent des services, apportent des bons d’achats, des produits périssables (repas, confitures, gâteaux…) bénéficieront d’une monnaie solidaire appelée Plus (au niveau des services, 1 heure = 10 Plus sur la base d’un devis prévisionnel, si possible). Cette monnaie sera tamponnée et portera la date du jour du marché. Toute monnaie antérieure au marché sera éliminée par principe. La prise en compte des services rendus par les bénévoles se fait également sur les mêmes bases, mais le règlement sous forme de monnaie solidaire restera dépendant des produits et bons d’achats disponibles.
Les participants feront ensuite leur marché en choisissant par rapport aux produits et bons d’achats proposés et ils solliciteront des personnes en mesure de leur proposer des services.
Ils régleront par l’intermédiaire de la monnaie solidaire (les Plus). Cette monnaie sera détruite par les vendeurs de biens et de produits.
Ces diverses mesures devraient simplifier les échanges, permettre à chacun de se joindre ponctuellement ou régulièrement.
C’est ainsi que nous essaierons de faire en sorte que notre marché devienne un lieu d’échange et de rencontre.