Longtemps ronronnante sur ces sujets, l’Académie française ne peut plus continuer à se voiler la face sur l’entreprise galopante d’arrachage du français au profit du tout-anglais dans tous les domaines : publicité et enseignes, mais aussi recherche, université, éducation nationale, armée, milieux de travail, etc. Dans le cadre d’une “construction” euro-atlantique qui pare d’habits internationalistes le dépeçage de tous les acquis sociaux, démocratiques, laïques et institutionnels de notre peuple (communes, république une et indivisible, souveraineté du peuple français), sans parler de la désindustrialisation galopante de notre pays (après Alsthom vient le tour de PSA), notre langue est littéralement dépecée vivante dans le silence total des grands médias et du gouvernement complices.
Il est, en particulier, totalement anormal que, par crainte de passer pour “ringards”, la plupart des syndicats, mais aussi de ceux dont le français est l’outil principal et le gagne-pain (professeurs, journalistes, etc.), continuent de se taire. Déjà la banque postale s’appelle la “French Bank”, la SNCF promeut ses “ouigo”, 1.400 masters s’enseignent illégalement et intégralement en anglais dans nos universités, toutes les émissions de grande écoute de TF1, BFM, etc. sont titrées en anglais (the Voice Kids, The Wall, BFM Tonight, etc.), et en grand, fin novembre, les affres du “Black Friday”, ce vendredi noir pour notre langue.
Il s’agit d’un incroyable linguicide facilité par l’omertà quasi-générale de la France d’en haut dont le seul souci est de faire sa place au “soleil” de l’euro-mondialisation néolibérale.
Pourquoi l’élimination rapide de toute langue et de toute culture autre que celle de l’Empire transatlantique, qui accapare le cinéma, la chanson, etc., serait-elle moins grave que le saccage de la biodiversité par les mêmes grands intérêts capitalistes ?
Il ne s’agit évidemment pas de stigmatiser l’anglais, il s’agit de refuser le totalitarisme du tout-globish imposé partout pour d’évidentes raisons de classe.
Résistons, devenons activement des insoumis linguistiques, c’est de dignité et d’égalité qu’il est question !
Georges Gastaud,
président de l’association COURRIEL,
initiateur du Manifeste contre le linguicide du français.