Qu’est devenue la souveraineté du peuple ?
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Publication : décembre 2019
Mise en ligne : 14 mars 2020
La souveraineté du peuple est devenue aujourd’hui l’otage de pouvoirs non élus.
Que devient le corps politique d’une démocratie quand l’Etat-nation renonce un à un à tous les attributs de sa souveraineté ?
Depuis Montesquieu on évoque traditionnellement les trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire et la nécessité de leur stricte séparation, considérée comme base de départ pour qu’on puisse parler de liberté et de démocratie. Or, l’état actuel des lieux non seulement révèle l’absence d’une véritable séparation de ces pouvoirs mais leur simple réalité s’estompe et s’efface peu à peu devant la mainmise de nouveaux pouvoirs qui ne sont plus reliés à un quelconque processus de désignation démocratique et perdent par conséquent tout lien avec le corps politique.
Le peuple cesse alors de constituer un “démos” c’est-à-dire, selon le mot grec, un peuple libre en état de s’organiser lui-même et de décider de son destin, pour ne plus être qu’un “laos”, un groupe d’habitants ne constituant rien d’autre qu’une population sur un territoire, qui peut être menée, telle un troupeau, par une organisation totalement extérieure.
Telle est la réalité de la France et de beaucoup d’autres pays. De nouveaux pouvoirs non élus régissent désormais l’essentiel de notre destin sur lequel nous, les ci-devant citoyens, n’avons plus prise.
Par exemple, pouvons-nous identifier le pouvoir bancaire sur lequel le corps politique se voit aujourd’hui dessaisi de tous les leviers de contrôle ? La Banque centrale Européenne (BCE) n’a de compte à rendre à personne. Le pouvoir de nuisance de Goldman Sachs est tel qu’il lui a permis de truquer les comptes de la Grèce pour qu’elle intègre l’euro et ensuite la dépecer. à une autre échelle, l’exorbitant pouvoir de la Banque Rothschild sur la géopolitique mondiale, ou bien la terrifiante arme de la dette détenue par le FMI et l’énorme pouvoir de chantage qu’il exerce à partir de ses “ajustements structuraux”.
Un deuxième exemple est le pouvoir de la “Globalisation de l’économie”, non pas la mondialisation des échanges, laquelle a toujours existé depuis l’Antiquité, mais la globalisation, c’est à dire l’abandon de toute forme de protectionnisme, la dérégulation qui permet de délocaliser vers les plus bas coûts de main-d’œuvre, les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui permettent aux entreprises d’attaquer et de punir les états et donc de spolier leur souveraineté.
Un troisième exemple est l’Union Européenne, parangon type des pouvoirs non élus. Peut-être les historiens du futur l’analyseront-ils comme la plus grande escroquerie géopolitique du XXème siècle sur les peuples. Non seulement elle a impliqué des abandons majeurs de souveraineté sans l’avis des peuples concernés, mais les rares fois où ils purent se prononcer, elle a acté l’inverse de leurs décisions !
Que reste-t-il d’une quelconque souveraineté du peuple quand la monnaie, l’économie, le budget, la défense, la politique étrangère, le mode d’administration territorial, l’essentiel des lois votées, etc... (la liste est beaucoup plus longue), tout est décidé, pas même à ce qui pourrait être un niveau démocratique européen mais par des instances non élues sur lequel le citoyen n’a plus aucune prise.
Pour retrouver un début d’espace de souveraineté populaire, il est essentiel de poser déjà le problème de ces pouvoirs non élus, premier travail d’une future assemblée constituante représentative du corps politique et dont l’avènement paraît chaque jour plus indispensable et plus urgent.