La difficulté que nous éprouvons à
faire « passer » nos propositions provient essentiellement
du fait qu’elles bouleversent les habitudes de pensée de nos
contemporains. Ceux-ci, en général, ne voient pas la nécessité
de changer ces habitudes parce qu’ils ne mesurent pas l’énormité
des transformations qui se produisent au cours de cette époque
exceptionnelle que nous sommes en train de vivre, ils ne ressentent
donc pas la nécessité de s’y adapter. C’est ainsi que,
pour nous faire comprendre, il nous faut d’abord sensibiliser les esprits,
donc faire un travail d’information : ouvrir les yeux de tous ceux qui
ne voient pas à quel point TOUT est en train de changer, et à
toute allure. Et pour un aussi gros travail, il nous faut utiliser tous
les moyens possibles.
Le plus accessible de ces moyens, après la propagande individuelle
de bouche à oreille, c’est évidemment la Grande Relève.
Les distributistes ont toujours manifesté leur attachement à
ce journal, parce qu’il est le leur, depuis sa création par J.
Duboin en 1934. Ils le soutiennent depuis plus de cinquante ans, et
ils s’efforcent de le diffuser le plus largement possible autour d’eux,
comme nous nous efforçons d’en améliorer la présentation
afin qu’il soit mieux diffusé par la voie « officielle
», c’est-à-dire par les NMPP et ses revendeurs.
Parmi les autres moyens, citons, pour mémoire, les livres que
les distributistes écrivent. La difficulté est toujours
au niveau de la diffusion : il faut trouver un éditeur, qui permette
au livre de sortir du cercle des convaincus.
La récente campagne électorale pour les législatives
a paru, à certains d’entre nous, l’occasion de tenter un nouveau
moyen de diffusion. Ils pensaient que les médias de l’audio-visuel
seraient alors largement ouverts à toutes les listes officiellement
déposées. C’est pourquoi, n’écoutant que son enthousiasme
et ses solides convictions, et fort d’une certaine expérience,
Guy Marchand a pris la tête d’une liste à Paris. Il faut
rendre hommage ici à l’énergie qu’il a déployée
pour venir à bout de la tâche qu’il s’était assignée,
et remercier les distributistes dont l’aide financière lui a
permis de réunir les fonds nécessaires. Grâce à
ces efforts, la liste « pour une économie libérée
», qui était une liste d’union entre Distributistes et
Citoyens du Monde, a pu figurer dans trois circonscriptions : Les 5e,
15e et 19e arrondissements. Malheureusement, la Haute Autorité
de l’Audio-visuel a pris la décision de n’ouvrir les antennes
officielles qu’aux formations politiques présentant des candidats
dans au moins 22 circonscriptions ! Guy Marchand n’aura dons pas eu
l’accès à la télévision sur lequel il comptait...
Alors, il faut essayer d’autres moyens.
Et justement, il s’en présente un que nous n’avons pas encore
essayé : le cinéma.
Racontons brièvement comment les choses se sont passées.
Au début de l’année dernière, une revue bimensuelle,
le Troisième Millénaire, a publié une série
de quatre articles que son directeur, B. Totvanian, ouvert à
nos thèses par un distributiste efficace, m’avait demandés.
Pour MATIAS, responsable d’une association de réalisations cinéma-
vidéo, l’économie distributive fut, selon ses propres
termes, « une découverte et cette vision des structures
économiques s’installa rapidement dans son esprit. Et aussitôt
l’idée d’en faire un film s’imposa à lui ».
Septembre 1985 - Janvier 1986 : premiers contacts... Proposition de
Matias, acceptation et mise en route d’un projet de film, adaptation
libre des « affranchis de l’an 2000 ». Le projet nous est
présenté à la date promise. Après quelques
rencontres informelles, avec également A. Giel, puis la présentation
d’un premier projet de scénario, la décision est prise
de soumettre l’idée aux distributistes : c’est à eux de
décider si l’idée de faire passer leurs propositions à
travers un film les séduit, car ce n’est que s’ils manifestent
leur volonté de soutenir un tel film, qu’on pourra le démarrer.
En effet, nous avons demandé à Matias de nous expliquer
comment se lance un film, qui fait quoi dans un film (rôles respectifs
du producteur, du réalisateur, de l’assistant de production etc),
par quoi il faut commencer, quelle somme il faut pouvoir réunir
au départ, comment trouver un réalisateur et les fonds
supplémentaires, puis quels délais il faut prévoir
et enfin comment en assurer la diffusion. C’est l’ensemble de ces explications
que Matias a rédigées pour nous dans les pages que la
Grande Relève consacre à ce projet dans le présent
numéro. Et qu’il est prêt à compléter si
nécessaire.
Il est venu les présenter à la commission de rédaction
du journal, fin février, et nous avons retenu que, pour trouver
un producteur, il fallait d’abord être en mesure de présenter
un scénario complétement et parfaitement écrit.
C’est donc cette première étape qui nous concerne. Et
pour la franchir nous ouvrons une souscription à nos lecteurs
et à tous leurs amis que ceci pourraient intéresser (pour
ces derniers, nous pouvons envoyer sur demande un exemplaire du projet
de scénario). S’ils sont nombreux à manifester leur intérêt
en souscrivant, non seulement nous pourrons faire appel à un
scénariste de profession, mais nous seront d’autant plus forts
pour prouver à un éventuel producteur que le sujet mérite
qu’il s’y intéresse.
Voici donc d’abord le « synopsis développé »
élaboré pour nous par Matias, et auquel il a donné,
provisoirement, car on peut le changer, le nom de « L’an 2000
». Bien entendu, il prendra en considération toutes les
suggestions (tant sur le titre, que sur des scènes ou des personnages,
etc.) que nos lecteurs lui enverront au journal au cours du mois d’Avril.
Viennent ensuite une description succinte des obstacles à franchir,
des moyens à réunir pour celà, une estimation générale
des coûts de production et enfin un plan de développement
tel que Matias le prévoit.
Ensuite, aux lecteurs de décider : s’ils sont prêts à
agir pour que le film se fasse, un bulletin de souscription spéciale
est prévu pour joindre leur contribution.
Personnellement, je crois qu’un film est un des meilleurs moyens actuels
de nous faire comprendre. Nos contemporains sont saturés de discours,
en particulier à cause de ceux des politiciens. Alors il faut
les amener à réfléchir, mais... sans effort. C’est
pour celà que j’ai « commis » un roman qui se lit
facilement, et qui effectivement a touché des gens qui n’auraient
pas supporté un exposé a priori « sérieux
». Un film, sur le même thème ou presque, pourrait
encore atteindre un nouveau public, celui qui n’aime pas lire. D’ailleurs
nombreux sont les lecteurs de mon livre qui m’ont écrit qu’ils
verraient fort bien un film sur le sujet. Maintenant que nous avons
quelqu’un de métier qui a fait l’effort de concevoir un scénario,
je pense que nous sommes sur la voie pour concrétiser un tel
projet et je suis la première à souscrire...
Par tous les moyens
par
Publication : avril 1986
Mise en ligne : 23 juin 2009