L’EXPRESSION « médecine de pointe » évoque
une réalité bien différente des hôpitaux
ultra-modernes, pourvu d’un matériel « dernier cri »
; des opérations à coeur ouvert et des greffes d’organes,
de grands médicaments sans lesquels elles seraient impossibles.
S’il n’est pas question de refuser ces moyens aux malades pour lesquels
ils constituent le dernier recours, leur nécessité croissante
ne traduit pas un progrès ! Loin de là !
Le vrai progrès consiste à empêcher les gens de
tomber malades et non à laisser la maladie s’emparer d’eux pour
les soigner ensuite. On fait d’ailleurs beaucoup mieux aujourd’hui :
on rend les gens malades par les pollutions de toutes sortes : de l’air,
de l’eau, des aliments, par le bruit, les conditions de travail où
il entre pour beaucoup, les tracas imbéciles, etc...
Bien sûr, on objectera la fin des grandes épidémies.
Mais s’agit-il d’une victoire décisive ? Le paludisme, que l’on
croyait vaincu, a fait sa réapparition, les moustiques, vecteurs
du germe, deviennent résistants aux insecticides. Quant aux maladies
vénériennes, elles refusent de céder aux antibiotiques,
dont il faut sans cesse augmenter les doses. Et pour bien d’autres maladies
encore, c’est aussi vrai.
Ajoutez les maladies de dégénérescence, cancers,
allergies, rhumatismes, affections cardio-vasculaires, les maladies
mentales, et votre image du progrès médical sera quelque
peu ternie. J’allais oublier les maladies « iatrogènes
», dues aux médicaments. Elles progressent toutes.
Soyons clairs : il ne s’agit pas de nier les succès de la médecine
moderne. Mais on ne peut davantage fermer les yeux sur leurs contreparties.
La vraie réussite médicale ne saurait être de nous
réduire à un assemblage de prothèses ou à
nous transformer en perpétuels assistés médicamenteux.
On doit réserver ce genre d’intervention aux personnes ayant
épuisé leurs défenses naturelles. L’artillerie
lourde médicale sera d’autant plus un progrès qu’on l’emploiera
moins.
Au contraire, il faut savoir qu’un organisme vivant possède normalement
tous les moyens de défense nécessaires, pourvu que l’on
s’abstienne de le perturber. On peut gêner son fonctionnement
de plusieurs manières : par intoxication et carence de sels minéraux
en particulier, fatigue excessive, chocs émotionnels, etc...
Voilà justement les causes auxquelles s’attaquent les «
méthodes naturelles de santé ». Je garde volontairement
cette expression, bien que certaines d’entre elles aient un caractère
artificiel en apparence (acupuncture, courants électriques, etc.),
parce qu’elles stimulent des processus naturels. On doit bien reconnaître
à ces méthodes un pourcentage élevé de succès.
Elles sont nombreuses et généralement complémentaires
régimes alimentaires, cures de jeûne, homéopathie,
phytothérapie, applications d’argile, etc., en plus des thérapeutiques
mentionnées auparavant.
Quels qu’ils soient, tous les régimes alimentaires reposent sur
l’agriculture biologique. On ne saurait parler d’alimentation saine
sans produits sains, même en dehors de tout régime.
J’ai mentionné, dans la série d’articles consacrés
à l’agriculture biologique, l’amélioration obtenue par
quelques adeptes en matière de santé.
L’agriculture biologique préviendra aussi la pollution des eaux
par les nitrates. Le rapport Hénin en a révélé
l’ampleur (1).
Restent la pollution de l’air et celle de l’eau par des causes non agricoles.
Leur élimination relève de l’action collective. Mais là,
comme partout ailleurs, la véritable raison est le profit.
L’agrochimie est, de toute évidence, une impasse. Même
si l’agrobiologie n’a pas résolu tous ces problèmes, elle
représente l’avenir, le progrès véritable. Peu
importe qu’elle n’atteigne pas toujours les rendements de l’agrochimie,
s’ils ne représentent qu’un succès éphémère
et menacent la qualité des sols et la santé.
Constituant l’un des piliers d’une véritable politique de la
santé ; l’agrobiologie doit recevoir le soutien de la collectiité.
Il est vrai que sa généralisation rapide en même
temps que celle des autres méthodes naturelles de santé
provoquerait, en régime du profit, une telle catastrophe économique
! Je vous laisse conclure...
Ecologistes qui parlez toujours d’économies, remuez vos méninges
!
(1) Nature et Progrès, n° 72.