DEPUIS la grande crise économique de 1929, c’est-à-dire
depuis que la mécanisation, l’automation, l’électronique
prennent la relève des travailleurs en usine comme au bureau,
la recherche d’un emploi est devenue un problème et le plein-emploi,
un faux problème. La prétention de survivre grâce
aux 39 h/semaine conduit inévitablement à la fabrication
d’une production inutile, dangereuse, mais rentable, comme tout particulièrement
les armements de guerre. Pour justifier leur nécessité,
il suffit de créer ou d’attiser des situations conflictuelles,
ce qui, en raison de la puissance pénétrante des médias
et de la crédulité des foules, n’offre guère de
difficultés majeures. Rien ne sert d’aller loin pour le prouver.
Quoiqu’une guerre atomique soit impensable parce qu’aucun homme d’Etat
ne se sent disposé à être exposé aux mêmes
risques que le derniers de ses troufions, on n’en respire pas moins,
partout, une atmosphère de malaise. Il flotte dans l’air une
inquiétude indéfinissable, comme à l’approche d’un
séisme.
A partir du chaos de notre société, chacun voudrait voir
apparaître les prémices d’une nouvelle organisation du
monde. Pour qu’il en soit ainsi, force nous est d’abord de comprendre
les questions insolites qui nous assaillent, d’en mesurer la profondeur,
de découvrir les réponses écologiques qu’elles
exigent.
Hélas, nous sommes dépassés par l’accélération
de la révolution technologique dont foisonnent les exemples d’effets
négatifs :
- pollutions mutispécifiques (rivières, mers, atmosphère)
;
- menaces d’altération du climat entraînant la fonte des
glaces polaires ;
- croissance effrénée des populations pauvres dont une
moitié meurt de faim ;
- élimination définitive d’espèces animales sauvages,
tarissant, dans le Tiers-Monde, la source de protéines riches,
à la fois nourrissantes et régulatrices de la fécondité
féminine (2) ;
- scalp démentiel de la couverture végétale, plus
spécialement forestière, réduisant le libération
d’oxygène par le mécanisme de la photosynthèse
;
- Exploitation du Sud famélique par le Nord pléthorique,
cupide, impitoyable.
L’addition et l’enchaînement de ces agressions volontaires contre
la Nature conduisent à la destruction de notre biosphère,
c’est-àdire, l’espace planétaire au sein duquel, par une
succession de hasards prodigieux, se sont trouvé réunies
toutes les conditions propres à l’apparition de la vie, où
celle-ci s’est développée, transformée et se perpétuerait
en se perfectionnant pendant des centaines de siècles, si l’ogre
capitalisteindustriel, égoïste, ignorant, obsédé
par l’ambition de s’enrichir, cessait de démolir, un à
un, les rouages fragiles des équilibres que la Nature - pour
d’autres la Providence - a mis des milliards d’années à
construire.
Le temps nous reste-t-il et disposons-nous des moyens pour mettre ces
rapaces humains dans l’incapacité de poursuivre leur oeuvre de
mort ? Pourrons-nous sauver la vie de notre merveilleux petit vaisseau
spatial, perdu dans le Cosmos ? A ces questions ma réponse : est
: Oui !!
Cette brève synthèse devrait se dégager de la lecture
de mon livre, à la condition que j’aie réussi à
associer mes lecteurs à l’impératif d’un renouvellement
de nos principes et de nos valeurs, à une manière neuve
de penser et d’agir, à l’avènement d’une philosophie qu’Aurelio
PECCEI appelle Nouvel Humanisme et d’un système économique
que Jacques DUBOIN a appelé Socialisme Distributif.
(1) C’est le titre nouveau de la 2e édition de mon livre «
Un Ecologiste accuse ».
(2) Dans son livre La Géopolitique de la Faim (1971), Josué
de CASTRO fait la démonstration médicale d’une fécondité
accrue par manque de protéines animales.