IL ne faut jamais désespérer de la canaillerie
capitaliste. Cette saloperie est capable de belles prouesses !
Une des toutes dernières est d’avoir épinglé à
son palmarès une jolie brune douée d’un tempérament
éruptif.
Depuis sept ans on écoute sur « France-Inter » cet
ange exterminateur qui a nom Anne Gaillard.
Armée de la foudre radiophonique, elle transperce à coups
de micros vengeurs tout ce qui grouille, magouille et tripatouille en
tous temps et en tous lieux.
Sainte-Anne des Ondes a mis k.-o. technique : la fripouillerie des contrats
d’assurance imprimés de façon microscopique, le mic-mac
des voitures neuves payables au prix du jour de livraison (au lieu de
celui de la commande), le décryptage de la datation des conserves
Champollion, les colorants alimentaires, l’exploitation des «
nègres » pour écrire des bouquins, pour ne citer
que ses plus remarquables résultats.
Bien sûr, cette hécatombe ne s’est pas produite sans douleurs.
« Radio-France » lui doit quelques procès. Heureusement
tous gagnés. Mais plaidez, plaidez, il en restera toujours quelque
chose ! En Correctionnelle, sept ans écoulés, tout le
monde confond le nom de la victime avec celle du délinquant.
Bref, les tenants du Veau d’or joufflu, les crapauds nocturnes, fédérés
aux cloportes caverneux, sont parvenus à leurs fins. Désormais,
la faune des marécages pourra maquiller tranquillement. A la
rigueur, on trouvera à Anne Gaillard un strapontin et on lui
procurera un éditeur (régulier) pour son livre : «
Un combat perdu d’avance ? ». Un titre sans illusion. Le principal
c’est qu’elle ne vitupère plus, le micro entre les dents.
Que l’on continue à jouer au bonneteau économico-financier
en toute sérénité. Ce n’est pas le Service de la
répression des fraudes qui assurera la Grande Relève d’Anne
Gaillard.
Sainte-Anne des ondes au bûcher
par
Publication : juillet 1978
Mise en ligne : 3 septembre 2008