Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : décembre 1982
Mise en ligne : 7 janvier 2009

Toujours d’actualité : les pleurnicheries des entreprises privées. Dans un de ses derniers « Blocnote économique » H. Muller écrit sous le titre « L’entreprise en péril  » :
- Les entreprises agonisent « prises en étau entre l’augmentation de leurs charges et le blocage de leurs prix ». Au mur des lamentations les patrons se sont donné rendez-vous mais tous ne sont pas, loin s’en faut, logés à la même enseigne. Il en est des gros et des moins gros. Nombre parmi ceux-là, P.-D.G, administrateurs, dirigeants de filiales commerciales ne semblent guère touchés par l’austérité si l’on en juge par la fréquentation clés salles de jeux, par la prospérité des bijoutiers et autres commerces de luxe, par l’afflux des «  belles étrangères » sur nos routes et sur les lieux d’estivage où ces gens dépensent sans compter.
Alors pourquoi ne pas faire appel à la solidarité patronale, les plus chanceux aidant les autres à franchir une mauvaise passe  ? Mais ces gens qui se rassemblent, défilent au coude à coude dans la rue, qui se réunissent à toute occasion pour soutenir une même idéologie, deviennent des loups furieux face à leurs collègues concurrents. L’économie de marché et de libre concurrence, exaltant l’individualisme, exclut toute solidarité interprofessionnelle sauf quand il s’agit pour les entreprises, de s’organiser en lobbies ou de se garantir contre les jérémiades, souvent justifiées, du consommateur et de l’usager.

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Toute aussi indécente, la manifestation projetée par la Confédération Générale des Cadres. Ces messieurs entendent protester contre le blocage de la partie de leur rémunération supérieure à 25 000 francs (par mois). Si j’étais ministre de l’Intérieur, j’interdirais la manifestation. Comme les jeunes cadres dynamiques ne sont pas des dégonflés, ils manifesteraient quand même. Il ne resterait plus aux autorités qu’à envoyer les C.R.S. pour disperser la manifestation, à coups de grenades lacrymogènes.

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A part ça, pour la première fois depuis 1945, le chômage touche plus de 10 % de la population active de la Communauté Européenne Economique, c’est-à-dire qu’on compte plus de 11,2 millions de chômeurs. L’augmentation la plus forte a été enregistrée en Allemagne, mais c’est en Belgique que la situation est la plus grave puisque le chômage y atteint 14,8 % de la population active.
La France et le Danemark sont pour le moment en dessous de la moyenne communautaire.

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C’est pourquoi, à la conférence des ministres européens de la sécurité sociale qui s’est tenue fin septembre à Madrid, la Belgique a recommandé « la redistribution du travail disponible ». Mais cette proposition n’a pas été acceptée, les ministres estimant que le problème du partage du travail n’était pas de leur compétence !
Cela n’empêche pas le nouveau gouvernement belge de proposer les 35 heures par semaine à l’ensemble des entreprises du pays. C’est, un exemple à suivre.

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Abaisser la durée du travail, c’est tout de même un raisonnement simple qui devrait être accessible à un gouvernement socialiste qui cherche à réduire le chômage.
Que feront les socialistes espagnols après leur victoire électorale
Vont-ils faire comme les socialistes français qui se laissent mener par le patronat ou iront-ils de l’avant ? Ce n’est pas ce que semblé croire le Président de la Généralité de Catalogne qui déclarait à une semaine des élections  : « Je redoute les socialistes et d’abord leurs certitudes flamboyantes. Ils paraissent tellement convaincus d’avoir la bonne méthode pour lutter contre la crise. C’est inquiétant... ». Et M. Pujol ajoutait : « Personne, ni à gauche ni à droite ne possède la solution idéale... Ni en Catalogne, ni en Espagne, ni dans les autres pays occidentaux.... On !e. voit bien aux récents bouleversements électoraux de sens contraire en Europe. La crise est trop générale et trop grave. »

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Nous allons envoyer quelques « Grande Relève » au président J. Pujol. Ça pourra peut-être lui donner quelques idées.

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C’est que, mine de rien, les idées que nous défendons progressent. C’est ainsi que lors de la tenue du convent du Grand Orient de France, le grand maître P. Gourdot a déclaré  : « Il faut reconsidérer les notions d’emploi, de travail, de revenus et, les dissocier. Le salariat, qui implique la domination de !employeur, n’est plus compatible avec la conception nouvelle de l’égalité et de la fraternité. » «  Le fait associatif, la mutualisation, le phénomène coopératif, ne peuvent- ils être demain des relais à formes humaines à des économies essoufflées ? » ... Si nos sociétés industrialisées aujourd’hui, robotisées à l’extrême demain, n’ont plus besoin de toute la population active pour fournir les biens de consommation dont nous aurons besoin, c’est le signe, que nous sommes à la fin d’un système.  »...
« Nous devons dès aujourd’hui nous poser la question de savoir, si la crise économique que nous vivons n’est pas la conséquence logique de l’évolution technologique, et si le chômage actuel n’est pas la simple constatation que nous n’avons plus besoin de la totalité de la population active pour assurer la production nécessaire à la consommation. »


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