Toujours d’actualité : les pleurnicheries des entreprises privées.
Dans un de ses derniers « Blocnote économique » H.
Muller écrit sous le titre « L’entreprise en péril
» :
- Les entreprises agonisent « prises en étau entre l’augmentation
de leurs charges et le blocage de leurs prix ». Au mur des lamentations
les patrons se sont donné rendez-vous mais tous ne sont pas,
loin s’en faut, logés à la même enseigne. Il en
est des gros et des moins gros. Nombre parmi ceux-là, P.-D.G,
administrateurs, dirigeants de filiales commerciales ne semblent guère
touchés par l’austérité si l’on en juge par la
fréquentation clés salles de jeux, par la prospérité
des bijoutiers et autres commerces de luxe, par l’afflux des «
belles étrangères » sur nos routes et sur les lieux
d’estivage où ces gens dépensent sans compter.
Alors pourquoi ne pas faire appel à la solidarité patronale,
les plus chanceux aidant les autres à franchir une mauvaise passe
? Mais ces gens qui se rassemblent, défilent au coude à
coude dans la rue, qui se réunissent à toute occasion
pour soutenir une même idéologie, deviennent des loups
furieux face à leurs collègues concurrents. L’économie
de marché et de libre concurrence, exaltant l’individualisme,
exclut toute solidarité interprofessionnelle sauf quand il s’agit
pour les entreprises, de s’organiser en lobbies ou de se garantir contre
les jérémiades, souvent justifiées, du consommateur
et de l’usager.
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Toute aussi indécente, la manifestation projetée par la Confédération Générale des Cadres. Ces messieurs entendent protester contre le blocage de la partie de leur rémunération supérieure à 25 000 francs (par mois). Si j’étais ministre de l’Intérieur, j’interdirais la manifestation. Comme les jeunes cadres dynamiques ne sont pas des dégonflés, ils manifesteraient quand même. Il ne resterait plus aux autorités qu’à envoyer les C.R.S. pour disperser la manifestation, à coups de grenades lacrymogènes.
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A part ça, pour la première fois depuis 1945, le chômage
touche plus de 10 % de la population active de la Communauté
Européenne Economique, c’est-à-dire qu’on compte plus
de 11,2 millions de chômeurs. L’augmentation la plus forte a été
enregistrée en Allemagne, mais c’est en Belgique que la situation
est la plus grave puisque le chômage y atteint 14,8 % de la population
active.
La France et le Danemark sont pour le moment en dessous de la moyenne
communautaire.
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C’est pourquoi, à la conférence des ministres européens
de la sécurité sociale qui s’est tenue fin septembre à
Madrid, la Belgique a recommandé « la redistribution du
travail disponible ». Mais cette proposition n’a pas été
acceptée, les ministres estimant que le problème du partage
du travail n’était pas de leur compétence !
Cela n’empêche pas le nouveau gouvernement belge de proposer les
35 heures par semaine à l’ensemble des entreprises du pays. C’est,
un exemple à suivre.
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Abaisser la durée du travail, c’est tout de même un raisonnement
simple qui devrait être accessible à un gouvernement socialiste
qui cherche à réduire le chômage.
Que feront les socialistes espagnols après leur victoire électorale
Vont-ils faire comme les socialistes français qui se laissent
mener par le patronat ou iront-ils de l’avant ? Ce n’est pas ce que semblé
croire le Président de la Généralité de
Catalogne qui déclarait à une semaine des élections
: « Je redoute les socialistes et d’abord leurs certitudes flamboyantes.
Ils paraissent tellement convaincus d’avoir la bonne méthode
pour lutter contre la crise. C’est inquiétant... ». Et
M. Pujol ajoutait : « Personne, ni à gauche ni à
droite ne possède la solution idéale... Ni en Catalogne,
ni en Espagne, ni dans les autres pays occidentaux.... On !e. voit bien
aux récents bouleversements électoraux de sens contraire
en Europe. La crise est trop générale et trop grave. »
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Nous allons envoyer quelques « Grande Relève » au président J. Pujol. Ça pourra peut-être lui donner quelques idées.
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C’est que, mine de rien, les idées que nous défendons
progressent. C’est ainsi que lors de la tenue du convent du Grand Orient
de France, le grand maître P. Gourdot a déclaré
: « Il faut reconsidérer les notions d’emploi, de travail,
de revenus et, les dissocier. Le salariat, qui implique la domination
de !employeur, n’est plus compatible avec la conception nouvelle de
l’égalité et de la fraternité. » «
Le fait associatif, la mutualisation, le phénomène coopératif,
ne peuvent- ils être demain des relais à formes humaines
à des économies essoufflées ? » ... Si nos
sociétés industrialisées aujourd’hui, robotisées
à l’extrême demain, n’ont plus besoin de toute la population
active pour fournir les biens de consommation dont nous aurons besoin,
c’est le signe, que nous sommes à la fin d’un système.
»...
« Nous devons dès aujourd’hui nous poser la question de
savoir, si la crise économique que nous vivons n’est pas la conséquence
logique de l’évolution technologique, et si le chômage
actuel n’est pas la simple constatation que nous n’avons plus besoin
de la totalité de la population active pour assurer la production
nécessaire à la consommation. »