Editorial
par
Publication : décembre 1976
Mise en ligne : 13 mars 2008
Adieu, sans regret, à cette année 1976
! Elle aura été surtout celle qui a vu s’éteindre
celui qui nous apporta tant de lumière. A sa mort, se manifestèrent
une foule de vieux amis, reconnaissants et fidèles du fond du
coeur, touchés comme par la perte d’un père. Pour nous,
ses proches, qui avions eu tant de désespoir à le voir
irrémédiablement décliner depuis ce jour fatal
de septembre 1974 où il fallut l’hospitaliser pour la pose d’un
stimulateur cardiaque, cette ferveur renforça notre conviction
qu’une oeuvre comme la sienne ne devait pas mourir avec lui.
C’est pourquoi, suivant sa volonté, nous avons entrepris, contre
vents et marées, de rassembler ceux qui ont bien compris son
enseignement et veulent aider à diffuser son humanisme.
Nous ne retiendrons que le bon côté de la polémique
de cet été, qui, je l’espère, peut enfin être
considérée comme éteinte. Elle a suscité
une levée de masse pour nous aider à relancer le journal.
Une grande majorité des abonnés s’est manifestée,
prêts à collaborer, à nous encourager, et, puisqu’il
le fallait bien, à participer au financement. Lecteurs, vous
avez été tellement formidables que la propagande repart
: l’un d’entre vous vient à lui seul de faire d’un seul coup
quatorze nouveaux abonnés. Qui dit mieux ? Les enchères
sont ouvertes et si vous suivez tous cet exemple, nous franchirons bientôt
le mur du silence !
Le droit à la parole étant rétabli, la discussion
collective s’amorce. La méthode d’analyse des faits économiques
de J. Duboin, appliquée à la crise actuelle par J. Le
Morvan, éveille la réflexion des lecteurs. Ils découvrent
que le capitalisme a changé ses batteries depuis 1929 : pour
ne plus avoir à détruire l’abondance, il organise l’austérité...
pour les travailleurs (voir par exemple dans le « Fil des jours
» le plan « anti-crise » de la CEE sur la sidérurgie).
Voici un sujet tout trouvé pour ceux qui envisagent de provoquer
des réunions de discussion autour d’un thème. En voici
un autre : « égalité économique tout de suite
ou par étapes ? » qu’a soulevé M. Dubois et que
reprend aujourd’hui J. Mermende.
Nous voici donc bien repartis pour que l’année qui vient voie
grossir nos rangs et, partant, se répandre nos thèses.
Au passage nous allons retrouver l’atmosphère de joie factice
à laquelle la publicité nous contraint. Qui est capable
de refuser un n ème jouet à son rejeton sans se sentir
un bourreau d’enfants ? Et tous les moyens sont bons pour pousser les
gosses à réclamer. La dernière trouvaille d’un
grand magasin de Troyes (la COOP) est d’exposer dans des cages exigues,
dans une atmosphère étouffante, de malheureux animaux
qu’on appelle sauvages, tout cela pour mieux attirer les enfants. Cette
année, un jeune éléphanteau, dont la photo orne
pour cela les murs de la ville, doit sacrifier son épanouissement
pour mieux contraindre les parents troyens à acheter. Quelle
honte !