Espoir et déception
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Publication : novembre 1989
Mise en ligne : 4 mai 2009
Quand la porte s’ouvrit sur l’an quatre vingt neuf
Le peuple ébloui avança hésitant
Il y avait si longtemps qu’il attendait l’an neuf
Qu’il n’y croyait plus guère, alors qu’à cet instant
Un soleil éclairant de toutes ses lumières
Le fit chanter en choeur : Liberté ! Liberté !
Ce grand cri d’espérance suivi d’Egalité
Et puis quand apparut le mot Fraternité
La joie fut à son comble le quatorze juillet.
Mais quand le peuple voulut entrer dans le grand temple
Les sbires étaient là pour lui dire : attendez !
Vous ne pourrez pas tous pénétrer dans ce temple
Il faudra qu’un à un vous ayez droit d’y entrer
Et aussitôt la joie fit place à la colère
Et le peuple déçu après tant de misères
Se dit : mais à quoi bon assassiner le Roi
Si dans le nouveau temple s’installe un nouveau Roi ?
Déjà, il y a bien longtemps, qu’un apôtre du peuple
Essaya de chasser tous les affreux marchands
Qui se vengèrent un jour en le crucifiant.
Le peuple, résigné, retourna à la glèbe
Où les nouveaux marchands leur dirent de prier
Car ils ne savaient pas qu’ils n’étaient que la plèbe
Et qu’ils n’avaient pas droit d’êtres privilégiés.
Ainsi donc ces trois mots ne seraient qu’un mirage
Pour les peuples opprimés qui perdraient tout courage
De voir dans l’avenir un vrai mois de Juillet
Où tomberont enfin les affreuses bastilles
Dans lesquelles se terrent tous les privilégiés.