J’accuse
par
Publication : juillet 1985
Mise en ligne : 13 mars 2009
J’accuse les dirigeants politiques ou financiers du
monde, quels qu’ils soient :
- de ne pas utiliser les progrès techniques uniquement pour les
besoins de paix et des hommes, mais d’inventer aussi des matériels
de plus en plus perfectionnés pour les détruire, et faciliter,
approvisionner ou soutenir les guerres et conflits locaux ;
- d’être incapable de lutter efficacement contre le chômage
alors que le besoin d’emplois existe dans les domaines suivants : enseignement
et formation professionnelle, constructions de logements sociaux et
réhabilitation, hôpitaux et services sociaux, équipements
sportifs et culturels, prévention et lutte contre la délinquance,
réforme pénale et réinsertion des condamnés
libérés, etc... ; l’argument du manque de crédits
ne tient pas puisqu’il disparaît en temps de guerre ;
- de maintenir ou développer les productions de matériel
militaire, soit pour des buts idéologiques, soit pour préserver
l’emploi, ou accroître les profits ;
- d’équilibrer ainsi les balances des paiements de leurs pays
en vendant et exportant de plus en plus d’armements, notamment aux pays
pauvres, qui auraient plutôt besoin de matériels industriels
ou agricoles et d’assistance technique ;
- de gaspiller chaque année des centaines de milliards dans les
armements alors que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants souffrent
de la faim et meurent dans les pays sous-développés, ce
qui constitue notre génocide quotidien ;
- de limiter ou réduire en même temps les productions agricoles
pour lutter contre les excédents qui font baisser les prix, ou
doivent être stockés en raison de leur mévente ;
- de ne pas s’engager dans des négociations honnêtes, constructives
et permanentes pour aboutir à un désarmement général
progressif par une réduction annuelle de 5 % des budgets militaires,
ce qui permettrait une reconversion graduelle des appareils productifs ;
- d’asservir les êtres humains au profit d’un système monétaire,
financier, bancaire basé sur la spéculation permanente,
qui ne correspond plus aux besoins des sociétés modernes,
au lieu d’utiliser la monnaie au service des hommes en instaurant une
économie distributive d’une production en expansion, correspondant
aux besoins réels et non aux besoins solvables ;
- d’aggraver la misère des pays sous-développés
en leur accordant des prêts à des conditions draconiennes
qui parfois ne leur permettent même plus de payer les intérêts,
et augmentent la pauvreté de ceux qu’ils sont censés aider
;
- enfin de tromper les peuples en pratiquant cette immense hypocrisie
qui consiste à prôner dans les discours ou les textes la
morale, le respect de la vie, des droits de l’homme et de la démocratie,
la tolérance, la fragilité, la justice sociale, la lutte
contre le racisme ou le totalitarisme, et à prendre en même temps des décisions ou accomplir dans tel ou tel pays des actes qui sont une violation permanente de ces principes.