Plus ou moins ?
par
Publication : juin 1987
Mise en ligne : 20 juillet 2009
"J’ai voté pour untel parce que c’était le moins mauvais..." "J’ai acheté cette maison, ce bien d’équipement, etc... parce que c’était le moins cher..." "J’ai choisi ce travail parce que c’était le moins ennuyeux et le moins mal payé...".
Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce ramassis de négations ! Nous en sommes arrivés à ne plus nous déterminer POSITIVEMENT par rapport à un choix, mais NEGATIVEMENT. Nous sommes obligés, le plus souvent à choisir la solution du "MOINS PIRE".
Quand l’électeur vote pour une liste, un parti, un candidat,
il ne vote pas pour celui qui correspond pleinement à ses idées,
mais pour celui qu’il juge le MOINS loin de sa conception. Quand le
consommateur achète un bien, il ne prend pas celui qui lui plairait
le PLUS mais celui qui représente la MOINS mauvaise solution
par rapport à ses contraintes financières (meilleur rapport
qualité/prix). Quand un jeune entre dans la vie professionnelle,
il a rarement la chance d’occuper un poste correspondant à ses
motivations, ses aspirations, ses goûts... Nombreux sont les jeunes
qui se retrouvent avec un travail bien loin de ce qu’ils espéraient.
Il faut bien manger ! Et cette solution du "MOINS" pire est
encore mieux que "RIEN".
Il n’est pas nécessaire d’être psychologue ou sociologue
pour comprendre que cet état d’esprit ne peut être que
néfaste, moralement et psychologiquement. Alors, allons-nous
encore continuer longtemps à subir cette société
du MOINS ? Ou bien allons-nous avoir le courage de nous poser les vraies
questions pour en sortir ?
D’où provient cette société du MOINS ? Elle est
le résultat de notre système économique et politique
: d’une part, nous vivons sous la contrainte économique et financière,
symbolisée par le règne de l’argent-roi. Nous sommes tenus
en laisse par la nécessité pécuniaire sans laquelle
nous ne pouvons rien obtenir, rien faire. Notre liberté économique
est un leurre.
Est-ce parce que nous manquons de richesses, de moyens
techniques, d’énergie, de bras, de ressources... ou que nos magasins
sont vides ? Pas du tout. Mais nous manquons de pouvoir d’achat. Sans
cesse sonne à nos oreilles ce refrain : "Où trouver
les moyens financiers ?". Or, il faut savoir une fois pour toutes
que la monnaie (le franc et les autres devises) dont nous dépendons
tant, n’a pas de valeur intrinsèque. Sa valeur est subjective
(voir la cotation en bourse) et des instituts (banques et autres organismes...)
la créent à leur guise, par les crédits, les découverts
et autres combinaisons financières. Le pouvoir est ici, Mesdames
et Messieurs !
Si nous manquons de cet argent, ce n’est pas par obligation ou par nécessité,
mais simplement parce que son fonctionnement caduque et stupide comporte
des imperfections et des tares... et parce que les personnes qui en
détiennent les rênes le veulent bien ! En temps de guerre,
manquons-nous de moyens financiers ? Pourquoi en temps de paix, pour
faire vivre les hommes, en manquerions-nous ? Il faut reprendre le droit
régalien de battre monnaie et le mettre sous le contrôle
de tous : le peuple ! Inventer une NOUVELLE MONNAIE, changer les règles
monétaires afin de permettre à chacun de recevoir la part
qui lui revient des richesses de la nation, de la planète...
Pour reprendre des mots à la mode, voilà où il
faut "innover et entreprendre" si nous voulons VIVRE PLUS
!
D’autre part, nous vivons sous une parodie démocratique où
notre rôle de citoyenne et de citoyen est réduit à
sa plus simple expression. Le débat politique, l’information,
les droits d’antenne, etc... sont réservés et limités
à deux courants d’idées : la droite et la gauche. Pour
les autres, une "dictature démocratique" s’est installée
!
De temps en temps, un petit droit de parole dérisoire pour faire
croire qu’on est en démocratie et clouer le bec à ceux
qui diraient le contraire et tout va pour le mieux. Dictature démocratique
et démagogie !
Alors, il nous reste le droit de vote. Lui aussi décoré
du MOINS puisque notre choix est limité entre deux catégories
de candidats : la droite et la gauche. Alors on choisit par retranchement.
La liberté politique est dénaturée ! Une fois élus,
nous n’avons plus aucun moyen de contrôle sur nos "représentants".
Ils peuvent faire ce qu’ils veulent malgré les sondages, les
pétitions... et ils ne s’en privent pas. Il ne nous reste qu’à
continuer notre "train-train quotidien" de consommateur et
d’électeur, c’est-à-dire celui du MOINS.
Il faut repenser notre pratique de la démocratie et mettre au
point une nouvelle organisation politique qui permette à chacun
de faire valoir ses droits de citoyen en ayant la possibilité
de contrôler et de révoquer les représentants de
la nation, à tout moment, si leurs actes et décisions
sont jugés néfastes.
Devenir des citoyens adultes et actifs !
Les "contraintes artificielles", créées de toute
pièce par notre système économique et politique,
qui nous obligent à adopter et à réviser nos choix
par le MOINS, ne peuvent qu’engendrer une agression, une frustration...
On sait les conséquences et les répercussions de tels
sentiments, vécus quotidiennement : nous perdons notre équilibre,
notre calme, notre lucidité, en un mot notre harmonie ! D’où
les troubles de comportement, et certains s’étonnent de voir
augmenter la délinquance, les crimes, les vols, la violence,
les dépressions, les maladies mentales... ! Tout en les condamnant
impitoyablement, ne soyons pas surpris. Réclamons la clémence
et interdisons-nous le silence sous peine de complicité !
Sachons que tant que nous resterons dans ce monde de
frustration matérialiste (par l’argent) et de parodie démocratique
(par les institutions...), il est normal que des excès, des troubles,
des maux et des souffrances surgissent.
Si nous voulons que tout cela cesse, il faut changer de système
économique et politique !
Pour ma part, je n’ai pas envie de continuer à vivre dans cet
univers mesquin, rétréci, limité, etc... Et vous
? A nous de vouloir changer pour autre chose.
Que ce soit par intérêt ou par idéal, pourquoi pas
vers une société que nous appellerions la "société
du PLUS", par opposition ? Non pas "PLUS" au sens matériel
mais au sens spirituel. Vivre PLUS par amour et MOINS par intérêt
! Vivre PLUS librement et MOINS par obligation !
N’oublions jamais que nous sommes les ACTEURS de ce théâtre
qu’est la vie. Si nous ne nous laissons pas enfermer par notre rôle
et par la mise en scène, nous retrouverons nos facultés
de rêver et de vouloir. Et alors nous pourrons tout !