Pour une économie libérée
par
Publication : janvier 1986
Mise en ligne : 15 juin 2009
Beaucoup de nos lecteurs vont vouloir profiter de la prochaine campagne électorale pour faire connaître nos thèses dans leur circonscription, poser des questions aux candidats, etc... C’est pour les aider dans cette tâche que M.L. Duboin a réuni l’essentiel de nos arguments (avec chiffres et courbes à l’appui) dans une brochure intitulée
POUR UNE ECONOMIE LIBÉRÉE
De cette brochure disponible dès maintenant*, nous extrayons ci-dessous quelques passages de l’introduction :
Il ne s’agit pas ici d’exposer les rêves d’un
groupe d’idéalistes et leur vision du monde utopique. Il s’agit
de montrer que notre époque est celle des plus grands et des
plus rapides bouleversements que l’humanité ait jamais connus,
au point qu’il nous est devenu indispensable de rompre avec nos habitudes
économiques si nous voulons nous adapter à ces modes de
production et à des moyens d’information qui étaient encore
quasi- insoupçonnables seulement au début du siècle.
Il appartient à tous ceux qui se sentent responsables de l’avenir
de faire l’effort d’imagination nécessaire pour participer à
la mutation qui est en cours et aider ainsi l’humanité à
saisir la chance qui lui est offerte. Car cet avenir dépend d’eux
et c’est aujourd’hui qu’il se décide...
La première partie, intitulée « crise ou explosion
? » est un aperçu historique. Elle propose une image destinée
à faire percevoir la rapidité et le sens de la révolution
technologique que nous sommes en train de vivre. Elle aboutit à
montrer que le problème de notre temps n’est plus de produire,
comme ce fut si longtemps le cas, mais de distribuer la production qui
se réalise aujourd’hui par des machines.
La seconde partie analyse le dernier remède proposé par
les défenseurs du capitalisme la redistribution qui prend maintenant
figure d’un revenu minimum assuré à tous les foyers, mais
destiné essentiellement à fournir les clients dont la
production mercantile a besoin. Il importe en effet que cette ultime
façon de colmater les brèches du système des capitaux,
des salaires, des profits et de la spéculation, ne soit pas confondue
avec l’amorce du système distributif. Ce n’en est que la caricature
dans la mesure où elle est destinée à maintenir
les lois imposées par la rentabilité capitaliste, et non
pas à donner à tous les humains accès à
l’héritage prodigieux légué par les générations
passées. La redistribution opère un tri et place des millions
d’hommes en condition d’assistés ; elle les entretient comme
on conserve aujourd’hui certains animaux sauvages.
L’économie distributive au contraire a pour objectif de donner
à tous les hommes, en les affranchissant des contraintes matérielles,
les moyens d’avoir accès à des activités librement
choisies.
Heureusement, la redistribution n’est pas viable, car prenant aux uns
les revenus de leur travail pour entretenir les autres, elle ne peut
suivre l’accélération du remplacement des salariés
par des robots...
Quand les partis de droite nous vantent les vertus du libéralisme
économique (la liberté du renard dans le poulailler),
l’exemple de la GrandeBretagne (27 % de chômage à Liverpool,
un pouvoir d’achat moyen aux 3/4 du nôtre) montre aux plus avertis
à quoi il mène. Et quand la gauche reprend à son
compte les principes économiques de la droite, elle ne fait plus
recette. Donc tout le monde s’accorde pour reconnaître que le
problème de notre temps est celui du chômage.
La grande majorité des gens ignore tout, ou se méprend
fort, sur les mécanismes actuels de la création monétaire.
Avant donc d’exposer le système distributif qui implique une
organisation rationnelle et utilitaire de la création monétaire,
le chapitre III rappelle l’histoire de la monnaie et montre qu’elle
aboutit naturellement, à notre époque, à une monnaie
de gestion. Car si on oppose si souvent que la monnaie est une institution
inviolable, qu’il est donc utopique de vouloir la changer, c’est parce
qu’on ignore en général qu’elle n’a cessé de changer
et qu’elle repose sur des habitudes parfaitement arbitraires, et inutilement
compliquées. Cette ignorance du grand public a pour conséquence
sa subjectivité face aux questions financières, voire
sa soumission à des idées reçues, et fausses...
Et c’est ainsi qu’on entend dire qu’il n’y a « pas de quoi »
nourrir les chômeurs, ni demain les retraités ! Dans des
pays qui dépensent des fortunes en publicité pour pousser
à la consommation !
Tout cela, parce que tout le monde a pris l’habitude de ne raisonner
qu’en termes d’argent.
Ayant fait comprendre ceci, le terrain est prêt pour aborder au
chapitre IV la monnaie distributive, donc l’économie des besoins.
Mais en montrant bien qu’elle est la conséquence des faits rappelés
dans la première partie. L’économie distributive doit
ainsi apparaître comme le moyen de s’adapter aux énormes
possibilités de notre époque, d’en tirer parti, le meilleur
parti, et pour tout le monde. Il est nécessaire d’insister sur
le fait que ceci n’est possible que depuis peu. Par contre, l’expérience
montre qu’un « distributiste » doit plus laisser à
ses interlocuteurs le soin d’imaginer les immenses possibilités
que libère l’économie des besoins, plutôt que les
leur décrire lui-même, au risque d’imposer sa propre vision
de l’avenir ou d’y projeter ses fantasmes. Ne limitons pas cette perspective
en lui donnant la forme de nos aspirations personnelles. Tenons-nous
en sur ce point à l’essentiel qui se résume en : NECESSITE
DE DISSOCIER LES REVENUS DU TEMPS DE TRAVAIL POUR LES LIER A LA PRODUCTION.
* Prix franco : 20 F pièce ou 100 F les six, par correspondance.