Une statistique de débacle
Publication : 16 octobre 1935
Mise en ligne : 15 avril 2006
Sous ce titre, le Matin publiait, ces jours-ci,
un article de M. Intérim. A propos, qui est M. Intérim ?
De qui fait-il l’Intérim ?
Citons textuellement :
« On vient de publier aux Etats-Unis une liste des marchandises
détruites en raison du manque de marché et pour la hausse
des prix. »
Au Brésil, au cours du seul mois de mars dernier, ont été
détruits 7 750 000 sacs de café. Aux Etats-Unis, ont été
tués et détruits dans le premier trimestre, 6 millions
200 000 cochons, 2 000 000 de tonnes de maïs ont été
dénaturées afin de les rendre impropres à la consommation.
A Los-Angeles, on jette 200 000 litres de lait par jour et 20 000 à
Hartford. Pour remplir le programme de diminution de 15% de la production
de beurre, on a dû tuer 600 000 vaches. Un million et demi d’oranges
ont été jetées à la mer en Californie pendant
le seul mois d’août et on s’est abstenu de procéder à
la récolte sur 10 000 hectares de fraises. Enfin, aux Indes,
à Ceylan et aux Indes Néerlandaises, on a diminué
de 15% la production du thé en en jetant à la mer 30 000
tonnes.
« Cela s’appelle l’économie dirigée et les économistes
disent que cela est fort bien. »
Non, Monsieur Intérim, c’est très mal.
L’économie dirigée vers la destruction des choses utiles
est abominable. Elle veut créer de la rareté afin de ressusciter
les profits.
Au contraire, l’économie dirigée doit faire augmenter
la production de toutes les choses utiles, afin que tous les hommes
puissent vivre de mieux en mieux.
Il y a donc économie dirigée et économie dirigée.
L’économie dirigée vers le passé ; l’économie
dirigée vers l’avenir ! La nôtre doit être dirigée
vers l’ABONDANCE. Comprenez-vous ?