En ce qui concerne la phrase finale signifiant l’absence de réaction des humains à leur condition quand justement ils ont « le nez dans l’assiette », j’espère qu’elle est heureusement inexacte. Certes, les conditions catastrophiques ne se ressemblent jamais totalement, mais des réactions réussies ont déjà existé et des peuples ont pu sauver leurs situations pourtant mal engagées. Un récit de ces réussites seraient ici bien trop long et fastidieux, c’est pourquoi il est préférable de consulter le livre de Jared Diamond, Effondrement, à partir de la page 451.
En ce qui concerne la crédibilité d’une thérapie entreprise par la civilisation occidentale en raison d’une psychose sévère engendrée par un passé de guerres et de recherches névrotiques du pouvoir, voici quelques explications.
Imaginons que nous fassions le procès d’un personnage qui camperait cette civilisation occidentale. Multirécidiviste, tueur en série, voleur, pollueur,… la liste est longue, semblable à celle du truand dans le film de Sergio Leone ! Après le passage des nombreux témoins, des plaidoiries du procureur et des avocats, l’accusé est donc jugé coupable pour les faits qui lui sont reprochés. Quelles possibilités existent pour le juriste afin de protéger l’humanité contre cet être destructeur envers ses semblables et son environnement ? Que propose la loi dans ce cas ?
• La cabane à perpétuité : bon, cloisonné sur sa planète minuscule, la sanction lui est déjà appliquée. Mais puisque c’est dans cet espace qu’il exerce ses méfaits, comment protéger ses victimes potentielles ?
Une autre solution demande donc à être trouvée.
• La chaise électrique, l’injection létale ou la guillotine : au choix, puisque ce fut le cas pour le dernier exécuté ces jours aux États-Unis. Dire qu’on l’a fait attendre 33 ans avant l’exécution ! La vengeance est vraiment un plat qui se mange froid.
Mais en agissant de la sorte, c’est quand même une manière d’abonder dans la mentalité du criminel et de l’imiter. Éthiquement, ce n’est pas satisfaisant, à moins que le législateur se prenne pour Dieu. Et encore, Celui-ci dans son infiniment bonté…etc…
Cherchons autre chose.
• Les travaux d’utilité publique : quels travaux seraient suffisants pour dédommager les millions de victimes qu’il porte sur la conscience ? Hercule, Sisyphe et Titan pourraient se voir considérés comme des fainéants en comparaison.
Pour pouvoir appliquer une telle sentence, il serait nécessaire de trouver une équivalence entre, d’un côté, méfaits et malheurs proférés et, de l’autre, la quantité et le niveau de difficulté des travaux de réparation demandés. Le compromis est compliqué à trouver. De plus, le temps presse et lui donner de nouveau des responsabilités en ce qui concerne des réparations envers l’humanité et la nature me paraît prendre un risque trop important compte tenu des « bêtises » antérieures.
•La psychothérapie : Il est en effet possible de considérer l’accusé irresponsable de ses actes. Car vraiment, entre nous, il faut être copieusement taré pour être l’auteur de tant de massacres depuis 5.000 ans.
De plus, il faut croire qu’il y a pris goût car le nombre de victimes n’a pas cessé d’augmenter. S’il s’était contenté de faire ses méfaits chez lui, mais non, tous les continents en ont souffert. Guerres, conquêtes, colonisations, esclavages, contaminations conscientes, pollutions mortelles,… bon j’arrête, c’est trop ! Il n’y a qu’un fou pour faire ça !
Et c’est sans parler de ce qu’il a pu faire à la nature. Quel coefficient multiplicateur doit-on employer ?
Au travers de la parole de Valmont, ne l’entendons-nous pas dire : « Ce n’est pas ma faute ! Ce n’est pas ma faute ! » Comment, en effet, ne pas tenir compte de ce manque affligeant de père, dont il a toujours cherché la présence, imaginant son caractère et ses paroles, rêvant sa venue afin de corriger sa conduite, et, conduit par un besoin exacerbé, le sublimant en un trio idéal.
Comment en effet omettre cette mère qu’il appelle Gaïa ou Gê, trop présente, trop pressante, qui sans cesse le persécute, lui inflige les pires misères, sécheresses, inondations, séismes, maladies, auxquelles il lui faut s’adapter. Il étouffe, coincé entre ce Tigre et cet Euphrate, il lui faut de l’espace.
Et ces chasseurs-cueilleurs, tout autour, qui ont l’air béatement heureux, ils l’emmerdent ! Comment ne pas se défouler sur eux ? Comment refuser de leur montrer ce qu’est la vraie vie en les embauchant comme esclave ou soldat ? Sans oublier de leur piquer leurs terres.
C’est pourquoi la thérapie s’impose de toute urgence. Là on ne parle plus d’un simple péché originel qui habite son âme, c’est carrément une forêt de péchés originels qu’il va falloir défriché.
Vite un psy, et même deux !
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Afin de garder un petit coin d’optimisme sur le sombre horizon qui se profile, il est possible que la réaction se fasse par le bas. Que chacun entreprenne, face aux dégradations économiques et environnementales prévisibles, une thérapie personnelle et modifie sa façon de considérer et de mener son existence.
Bien moins de consommation, davantage de frugalité, de la considération pour les non humains et la nature sauvage, plus de convivialité, d’entreprises collectives basées sur la coopération, … et une contagion rapide par les réseaux sociaux.
De quoi déstabiliser le système et même le faire chavirer.
Soyons fous !