Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : octobre 1981
Mise en ligne : 26 mars 2008

L’opposition (la nouvelle) et la presse à sa solde voudraient nous faire croire que la situation économique s’aggrave depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir. Comme si en 4 ou 5 mois on pouvait réparer les dégâts de plus de 8 000 jours de gouvernement de la droite ! Bien sûr, le dollar a, certains jours, été coté à plus de 6 francs ; mais, aux alentours de 5,50 il est revenu au niveau qu’il avait en août 1969 après la dévaluation réalisée par le gouvernement ChabanDelmas. Et à ce moment-là les taux d’intérêts américains étaient loin d’approcher ceux pratiqués aujourd’hui. Les autres monnaies européennes n’ont pas été épargnées non plus. Et, même en Suisse, la hausse du coût de la vie a été de 1,5 % au mois d’août. Quant au chômage, il gagne du terrain partout, aussi bien au Royaume-Uni, qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne Fédérale où il a progressé de 49 en un an. Alors, attendons encore un petit peu avant de porter des jugements définitifs  !

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Bien que l’économie distributive ne figure pas (pas encore, hélas) au programme du gouvernement Mauroy, on peut cependant trouver quelques raisons d’espérer : le Premier ministre propose, par exemple, d’offrir aux jeunes qui terminent leur service national des contrats (volontaires) de six mois ou un an pendant lesquels ils pourront se consacrer à des travaux d’intérêt public (eaux et forêts, animation de communes, coopération, ...) . Les intéressés toucheraient un salaire d’environ 1 000 francs par mois et seraient logés et nourris. C’est déja un premier pas vers le Service Social prôné en économie distributive.

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Pierre Mauroy est d’ailleurs bien conscient des problèmes qui nous attendent. Il disait dans son discours devant l’Assemblée Nationale, lors du débat sur la motion de censure déposée par l’opposition : « La crise ne se résoudra pas d’elle-même. Elle ne sera surmontée qu’au prix d’une formidable adaptation industrielle et d’une mutation sociale. Il revient aux héritiers des premiers prolétaires jetés au pied des machines à vapeur de réussir l’émancipation que permet la nouvelle révolution technologique. La France peut ouvrir la route. Nous le lui devons. C’est pourquoi nous sommes déterminés à conduire le changement... »

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Et moi dont le nationalisme a toujours été plus que chancelant, je dois bien reconnaître que l’exemple donné par la France peut être important : c’est ainsi que lors de la dernière réunion de l’Assemblée Européenne (15-17 septembre), les élus ont souligné la faillite des politiques menées jusqu’à présent par les gouvernements nationaux (politiques monétaristes, en général). Et, fait nouveau, ils ont affirmé que « la politique de lutte contre l’inflation doit être subordonnée à la politique de lutte contre le chômage ». Le Commissaire chargé des affaires sociales,-a déclaré « De toute évidence la plupart des ministres ont compris que nous ne sortirons pas de la récession en poursuivant les politiques actuelles. (...) Si nous continuons d’étrangler nos économies, comme nous le faisons actuellement, nous réduirons la production, les investissements, le nombre d’emplois, et, loin de réduire l’inflation, nous l’aggraverons. » .
Plusieurs propositions de réduction de la durée du travail ont été proposées au cours de la session.

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Evidemment de telles prises de position ne font pas plaisir à tout le monde. C’est ainsi que le « Wall Street Journal » du 9 septembre écrit :
Les dirigeants français ne se contentent pas « comme nous avions été tentés de le penser au début  », de « quelques gestes socialistes » avant «  de retourner à la politique économique pragmatique qui avait caractérisé la Cinquième République  ».
« Les actions et déclarations de M. Delors et de ses collègues nous persuadent rapidement du contraire ».
Mais le « Wall Street Journal » ferait mieux de s’interroger sur le bien fondé de la politique économique de Reagan car, selon un rapport publié le 20 août par le bureau officiel des statistiques des EtatsUnis, le revenu moyen avant impôt des Américains a diminué de 5,50 pour cent en 1980. C’est le recul le plus important enregistré depuis
1974.

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Quant à nous, réjouissons-nous car malgré tout, nos idées font leur chemin : dans la rubrique « Idées  » du « Monde » du 5 septembre, on pouvait lire dans un article intitulé « Les temps nouveaux » : «  Ainsi la création de temps libre répond-elle à une double nécessité, économique et sociale. Economique, car face aux progrès technologiques, aux dépéri-, ses sociales que représente l’indemnisation du chômage, il n’y a pas d’autre solution que de partager l’emploi en réduisant la durée du travail. Nécessité sociale aussi, car on ne peut accepter la division entre une France au travail qui croule sous des horaires toujours aussi lourds et une France condamnée à l’inactivité forcée. »


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