Des chiffres sur la démographie mondiale
par
Publication : juillet 1980
Mise en ligne : 7 octobre 2008
IL y a exactement quinze ans, en 1965, les démographes britanniques
prévoyaient qu’il naîtrait dans leur pays 1 150 000 enfants
en 1978. II en est né en fait 687 000 (soit une erreur de plus
d’un tiers). Aucune explication sérieuse ne peut être donnée
à ce renversement de tendance, qui a d’ailleurs affecté
les autres grands pays européens.
Si on considère les graphiques qui montrent l’évolution
de la population des pays, on constate des variations souvent considérables
d’une décennie à l’autre. Certains événements
majeurs, comme les guerres, expliquent sans doute des changements profonds.
Mais, là encore, la prudence s’impose. Si nous reprenons le cas
de la Grande-Bretagne, nous constatons que le taux de natalité
a considérablement chuté pendant la première guerre
mondiale mais s’est, par contre, assez régulièrement élevé
durant la seconde qui n’était pourtant pas plus joyeuse. Bien
sûr, dans les deux après- guerres, le taux s’est élevé
rapidement pendant un ou deux ans.
Ces remarques ne visent qu’à montrer à quel point il est
difficile de prévoir avec précision l’évolution
de la population mondiale. Or, cette évolution nous touche tous
de près. Quelques milliards d’hommes ou de femmes en plus ou
en moins sur la planète et tout peut fortement changer. II faut
donc être très prudent avant d’annoncer ce que sera l’avenir.
Certes, des tendances semblent se faire jour ; des similitudes apparaissent.
Ainsi, certains chercheurs ont cru remarquer que la natalité
avait encore tendance à croître dans les pays où
la population est en bonne partie rurale et pratique une religion. La
France peut prouver le contraire, la croissance de la population étant
restée voisine de zéro de 1840 à 1950, si l’on
ne tient pas compte de l’apport des immigrants.
D’autres pensent que la contraception est responsable de la dénatalité
des pays industriels. Or, toujours en Grande-Bretagne, le taux de natalité
dans les années 30 n’était pas plus élevé
qu’il l’est en 1980. Ceci semblerait prouver que, si la tendance est
à la diminution du nombre des naissances les effets sont assurés
par des méthodes quelconques qui, selon les époques, ont
pu être l’abstinence et l’avortement ou la pilule.
A l’échelon mondial, qui nous préoccupe au moins autant
que l’échelon européen, les prévisions font apparaître,
comme on peut s’y attendre que, d’ici l’an 2000, les pays développés
verront leur population croître presque imperceptiblement (à
condition que la tendance ne se renverse pas dans les pays où
le taux de natalité dépasse 2,1). Par contre, les pays
moins développés connaîtront une expansion beaucoup
plus nette si bien que, en faisant une moyenne, on peut dire que la
population mondiale passerait d’un peu plus de 4 milliards d’individus
en 1975 à près de 6,5 milliards en l’an 2000.
C’est beaucoup. En fait, les pays à forte natalité ne
font pas toujours les efforts nécessaires pour faire baisser
le taux des naissances. Les gouvernements s’y heurtent souvent à
des tabous sociaux et religieux contre lesquels ils sont mal armés
pour lutter. Parfois, ces pays connaissent une réelle prospérité
économique, comme le Kenya, et ne voient pas de raison de se
refuser une population jeune.
Les organismes internationaux s’efforcent bien de promouvoir la limitation
des naissances là où il semble qu’elle s’impose, mais,
pour ce faire, il leur faut de l’argent que les pays riches leur versent
à regret puisqu’il ne représente pas un investissement
direct générateur de commerce.
Est-ce à dire qu’on ne peut guère agir sur l’évolution
de la population mondiale ? La parole est à chaque pays. A cet
égard, l’exemple de la Chine est intéressant. Si elle
atteint son objectif d’un enfant par famille, toutes les prédictions
sur les variations de la population mondiale pourraient bien être
déjouées si l’on pense qu’elle a, à présent,
environ un milliard d’individus, soit le quart des hommes.
Plus palpable est le changement survenu à Singapour où,
selon les statisticiens, la croissance a été stabilisée
en 12 ans, de 1966 à 1978. De tels résultats sont plus
facilement obtenus dans des pays de petite taille surtout s’ils se sont
dotés de gouvernements autoritaires.
La solution au problème de la démographie mondiale viendra
peut-être tout simplement de l’évolution. Les pays qui
entament leur croissance économique ont en général
des taux de natalité élevés. A mesure qu’ils progressent,
ces taux devraient baisser pour rejoindre ceux des pays industrialisés.
Malgré cela, il est vraisemblable que la population mondiale
continuera à croître jusque vers 2030. L’humanité
n’a trouvé qu’un moyen de réduire ses effectifs. Puissions-nous
en être préservés.