Malgré la reprise économique en cours
depuis le début de l’année aux Etats-Unis, reprise qui
donne actuellement des signes certains d’essoufflement, le taux global
de chômage est encore [1]de 7,8%. Parmi les catégories
les plus touchées il y a les femmes. Comme la part qu’elles occupent
dans la population active croît constamment, il faut que l’économie
crée de nouveaux emplois pour répondre à la demande
de toutes celles qui attendent. Déjà, trois femmes mariées
sur cinq et une mère de famille sur deux travaillent.
Bien sûr, il y a plus de sans emploi chez les femmes que chez
les hommes. D’abord, parce qu’elles sont moins qualifiées, ensuite
parce qu’elles sont toujours les dernières qu’on embauche mais
les premières qu’on licencie.
Il en va de même chez les jeunes pour qui le problème est
encore plus grave. En effet, si le taux de chômage est de 7,5%
parmi les femmes (il est de 6,1% chez les hommes) il atteint le chiffre
exorbitant de 18,6% chez les moins de vingt ans, soit bien plus que
chez les Noirs chez qui il est de 12,7%.
Constatant l’incapacité de l’économie américaine
à absorber toute cette main-d’oeuvre et soucieux de trouver une
solution, les économistes américains ont fait preuve d’imagination.
Ils ont changé les critères du « plein emploi ».
Jusqu’à présent, on considérait que le plein emploi
était atteint lorsque le taux de chômage global ne dépassait
pas 4%. Désormais ce taux sera de 5%. Il suffisait d’y songer.
Ces quelques faits et cette « anecdote » illustrent encore
une fois l’illusion dangereuse que constitue la notion de plein emploi
dans une économie capitaliste. Le droit au travail ne peut être
garanti et un volant de chômeurs, dont il suffira de remonter
le seuil officiel pour se donner bonne conscience, est le phénomène
le plus normal du monde. Qui souhaite faire partie de ce volant ? L’illusion
que constitue le plein emploi a été vigoureusement dénoncée
par Jacques DUBOIN.
Le chômage aux Etats-Unis
Étranger :
par
Publication : novembre 1976
Mise en ligne : 12 mars 2008
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Publication : novembre 1976
Mise en ligne : 12 mars 2008
[1] Ce chiffre est cité par la revue TIME (1-11-1976). Il est contesté par l’AFL-CIO, la grande centrale américaine, pour qui le taux réel est de 10,3%. Elle y inclut tous ceux qui, las de chercher en vain un emploi, ont renoncé à travailler.