On classait jadis les hommes selon qu’ils étaient
puissants ou misérables. On range aujourd’hui les régimes
politiques suivant qu’ils sont - ou non - pour la démocratie.
Cela permet aux uns comme aux autres de se proclamer plus démocrates
que leurs adversaires.
Ce qu’on ne se demande jamais, c’est de quel genre de démocratie
il s’agit...
LE PARAVENT DE LA CONFUSION
La nuance peut paraître superflue : la démocratie
ça ne se détaille pas, la liberté non plus. Et
pourtant, aussi surprenant que cela paraisse, le mot « démocratie
» comme le mot « liberté », jouit d’autant
de définitions qu’il a de commentateurs.
Ce sont de ces mots que chacun comprend à sa manière.
Quelle est la bonne ?
L’entretien de cette confusion permet aux gouvernants en place de s’abuser
et surtout d’abuser le peuple sur le sens du mot. La démocratie,
apparemment, c’est simple, cela consiste à pouvoir s’exprimer.
S’exprimer pour quoi ? Pour choisir. Mais choisir quoi ?
LE PIEGE DE L’ELECTORALISME
Si cela se limite à désigner Jules ou
Jacques pour décider à votre place, c’est en effet fort
limité.
Si cela consiste à définir une politique c’est mieux,
le sens du mot démocratie devient plus profond. Pourtant cela
ne suffit pas encore.
Jusqu’où va ce droit de choisir ? On peut le cantonner dans l’application
de règles fixées d’avance et une fois pour toutes.
Mais il peut aussi bien concerner ces règles de base. Force est
d’admettre que cette hypothèse n’a jamais été envisagée.
Même quand on a demandé aux citoyens d’un pays d’approuver
- ou de rejeter - une constitution, ce document ne précisait
que les superstructures, jamais les mécanismes fondamentaux de
la société.
Quelles règles de base ont, sur la vie sociale, les effets les
plus directs et les plus importants ? On ne se pose pas la question.
Supposons que, par exception, on la pose. La réponse ne fait
aucun doute, ce sont les règles économiques. Mais au mot
« économie », qui semble avoir un sens restrictif
- et qui est habituellement mal compris - nous préférons
celui de « société » - car c’est bien de cela
qu’il s’agit, en définitive.
SANS LE PEUPLE AU POUVOIR, PAS D’ESPOIR
Quand on nous parle de démocratie, nous demandons
de quelle démocratie il s’agit. Et nous proposons un plan de
société pour les hommes de ce temps qui ne doivent plus
se nourrir d’illusions.
Nous demandons à nos contemporains d’admettre que la société
doit être conçue pour leur rendre - ou pour leur donner
- la parole qu’aucune « démocratie » ne leur a jusqu’à
présent accordée choisir eux-mêmes leur propre mode
de vie, sans aliénation.
Sans ce véritable pouvoir au peuple, tout n’est que tromperie
et manoeuvres électorales.