Aux étudiants en Droit qui « potassent
», en s’épuisant, les 1 500 pages du traité de M.
Raymond Barre : « Economie Politique », placez donc entre
les mains « Rareté et Abondance », ce manuel d’économie
politique dont Jacques Duboin est l’auteur. S’ils veulent bien faire
l’effort de l’ouvrir ils seront conquis dès les premières
pages par la lucidité de l’auteur et ses irréfutables
commentaires. Les 440 pages lues sans fatigue parce que sans ennui,
ils auront enfin compris ce qu’est l’économie politique et formuleront
un jugement sévère sur le traité du professeur
Raymond Barre.
Dès les premières pages de « Rareté et Abondance
», Jacques Duboin analyse comme suit les fondements du régime
capitaliste :
« ...si la nature et le travail ont pu produire
le capital par leurs seuls moyens, on tient la preuve que le dit capital
n’a pas été nécessaire à un moment donné.
Pourquoi le serait- il devenu plus tard ? C’est qu’un jour vint où
le capital s’identifia juridiquement avec la nature qu’il venait d’accaparer.
Depuis lors, il faut, pour produire, du capital et du travail, mais
c’est parce que le capital fournit l’indispensable nature. On comprend
ainsi que le capital joue un rôle de premier plan car, commandant
la production, il commande encore le travail qui, sans la nature, ne
peut rien produire. On ne s’étonne plus que le libéralisme
économique porte souvent le nom de régime capitaliste.
« Mais si l’on observe, plus judicieusement, que le travail, au
sens large du mot, est le véritable agent d’une production qu’on
ne peut isoler de la nature, on fausse compagnie aux orthodoxes pour
qui cette manière de voir est une hérésie. »
Cette remarquable page de philosophie politique ne suffit-elle pas,
à elle seule, pour faire comprendre la puissance d’analyse de
Jacques Duboin ? Pour ceux qui connaissent bien son oeuvre, il ne fait
aucun doute qu’il prend place parmi les plus grands penseurs socialistes.
Il est, à n’en pas douter, LE théoricien du socialisme
moderne.