De « La Croix », du 10 janvier 1985 :
Le chômage s’accroît dans des proportions
alarmantes. Mais si nous continuons à lier étroitement
les revenus au travail, nous allons tout droit, si ce n’est déjà
fait, vers un type de société duale : une minorité
de privilégiés bien informés et formés et
ayant un emploi peut bénéficier abondamment des bienfaits
de la société de consommation, alors qu’une foule croissante
de sous-consommateurs n’y a plus accès.
Affirmer dans ces conditions que l’on va créer des emplois nouveaux
et donner du travail à tous, relève d’une illusion criminelle
ou d’une démagogie à courte vue. Le « traitement
social » du chômage a déjà trouvé ses
limites au prix d’inégalités flagrantes. Partager le travail
? Est-ce partout possible ? Il faut faire accepter aux gens la nécessité
de partager aussi les revenus, ce qui n’est pas évident.
D’où une seconde idée : et si l’on accordait à
chaque individu, quelle que soit sa position sur l’échiquier
social, un droit à la subsistance ?
Ce droit nouveau se traduirait par l’accès de tout citoyen à
un véritable revenu social garanti, formulation contemporaine
d’un minimum vital, distribué par le truchement d’une monnaie
dite de consommation.
(Transmis par Paul Rosset)