LES prix augmentent, l’emploi diminue. La dialectique de la misère
(la pauvreté engendrant plus de pauvreté) gagne des marches
aux provinces de l’Empire !
Cet Empire est devenu totalement ingérable :
D’abord irrationnel, puisque son fonctionnement, reposant exclusivement-sur
les critères de rentabilité/productivité aboutit
à une destructuration de toute vie collective - la logique sociale
étant subordonnée aux caprices de l’économie de
marché.
Ensuite destructeur de valeur, puisque par l’exploitation, il procède
à des prélèvements sur la périphérie
(Tiers et Quart Mondes) pour permettre le gaspillage au centre - ce
qui nous entraîne dans une dynamique de décadence, analogue
à celle de la civilisation romaine après l’instauration
de l’empire...
Enfin dangereux, puisque la violence et la compétition y sont
inhérents : le système fonctionne de crise en crise jusqu’à
la rupture et la guerre.
Le problème de la survivance de l’Empire est incontournable :
l’heure de la relève approche, le temps de la transition est
commencé.
Le phénomène marquant de la fin du 20e siècle est
le rejet du travail dans un contexte d’abondance de biens et de services.
Le rejet du travail stérile, qui procure aux uns un statut et
une occupation débilitants mais aux autres un moyen commode de
quadrillage social, est illustré par la révolution des
mentalités (chez les jeunes et les cadres en particulier) et
la mutation technologique.
Ainsi peut-on lire dans « le Nouvel Economiste » du 15 mars
1982 : « Derrière la grande mutation que constitue le développement
de l’informatique et de la robotique, la question qui domine aujourd’hui
est celle de son bilan emploi... A la manière d’une révolution
démographique, la mutation informatique suppose de trouver un
nouvel équilibre axé sur la recherche de plus grande formation,
de plus grande qualification, de plus grande responsabilité...
N’allons-nous pas redécouvrir que loin d’être un luxe pour
période de prospérité, une interrogation ouverte
sur le travail humain est en fait un impératif inéluctable
pour une période de crise et de mutation ? ».
Par ailleurs, la transition ne peut avoir lieu tant que les échanges
sont formalisés par une monnaie impériale : le dollar,
ou un ersatz : le franc. C’est par leur intermédiaire, en effet,
que nous sont répercutés les coûts de l’empire.
Une monnaie de consommation - qui pourrait être du type de celle
prévue pour les nouvelles cabines téléphoniques
- est seule utile dans un système d’abondance où les échanges
peuvent être remplacés par la distribution des valeurs
produites par les machines. Quant aux services, une convivialité
intelligente et vigilante peut assurer à la fois l’égalité
et la liberté qui sont les enjeux fondamentaux de toute vie en
société.
Les coûts de l’Empire empirent mais désormais ils relèvent
de la grande relève...
L’empire empire
par
Publication : mai 1982
Mise en ligne : 27 janvier 2009