LE parti socialiste se prépare-t-il à fêter l’anniversaire
de sa victoire du 10 mai 1981 ? Ce serait une bonne idée pour
remonter le moral des troupes, lequel, depuis la fin prématurée
de l’état de grâce, n’est plus au beau fixe. Et les occasions
de pavoiser se font plutôt rares en ce moment.
Toujours est-il qu’au P.S. on commence à s’impatienter. Et il
y a comme de la grogne dans les rangs. Les réformes promises
dans l’euphorie de la campagne présidentielle ne se font pas
vite et le redressement définitif prévu au programme des
réjouissances est encore loin d’être réalisé.
Alors, on cherche, faute _ de mieux, « la troisième voie
» - c’est le « Quotidien de Paris »* qui nous l’apprend
-, entre la Social Démocratie et le modèle soviétique
dont se réclament, avec les socialistes français, les
communistes italiens et espagnols.
C’est à l’initiative de l’I.S.E.R., l’institut socialiste d’études
et de recherche, nous dit-on, que sera organisé à la fin
du printemps - on ne sera pas loin du 10 mai - un séminaire sur
le « NOUVEL INTERNATIONALISME » auquel participeraient représentants
et observateurs de divers partis socialistes et communistes.
Bien que l’Economie Distributive, ou Socialisme de l’Abondance, ne soit
pas un parti politique, à l’heure où j’écris aucun
des collaborateurs de la GRANDE RELEVE n’a été invité
pour participer à ce séminaire.
Dommage. On avait un petit mot à dire.
Cela dit, je souhaite, même si personnellement je ne me vois pas
déguisé en séminariste à côté
de M. Georges Marchais, bien du plaisir à tous les participants,
et j’attends qu’ils nous donnent de leurs nouvelles.
Que sortira-t-il de cette exploration ?.. La Relance des affaires ?
Un nouveau plan de redressement définitif ? La fin de la crise
? La solution au problème du chômage ? L’arrêt de
l’inflation ? L’extinction du paupérisme après dix heures
du soir ?
Ne nous berçons pas trop d’illusions. La crise économique
que nous subissons sévit aussi dans l’ensemble des pays capitalistes
développés, sans parler des autres. Les Etats-Unis, l’Allemagne,
l’Italie, la Grande-Bretagne n’y échappent pas plus que nous.
Partout le monde du travail est atteint par ce nouveau mal qui répand
la terreur, le chômage ; partout l’inflation et la misère
gagnent du terrain du fait des nouvelles techniques de production et
des lois implacables de l’économie de marché condamnant
les entreprises à la compétitivité et à
la modernisation, ou à la faillite.
On n’en sortira pas. Tant que les hommes au pouvoir et les incapables
qui s’y accrochent s’obstineront à rafistoler un système
économique né dans la période de pénurie
et devenu caduc avec l’apparition de l’abondance ; tant que l’on cherchera
à résoudre le problème de la quadrature du cercle
; tant que les politiciens en quête d’une majorité et toujours
en retard d’une révolution comme nos généraux en
retard d’une guerre feront la loi ; tant que pour sauver le franc on
laissera crever les Français ; tant que des faiseurs de miracles
et des rebouteux appliqueront leurs cataplasmes sur des jambes de bois
pour guérir les hemorroïdes ; tant que des libéraux
avancés installés à l’Elysée et à
Matignon feront la pluie et le beau temps, on n’en sortira pas.
Alors, la « troisième voie », j’ai bien peur que
ce ne soit qu’une voie de garage.
* du 1e février.