La destruction des richesses


Publication : 1er novembre 1935
Mise en ligne : 10 décembre 2006

Dans un article des Annales Coloniales, M. le sénateur Mario Roustan, devenu ministre de l’Education nationale dans le ministère Laval, déplorait qu’après la destruction de 16 millions d’hectolitres de vin, il faille envisager maintenant l’assainissement du marché du rhum « en retirant de la consommation de bouche 60 à 70.000 hectolitres » de cette « boisson bienfaisante qui donne la joie et la santé ».

C’est pour nous la plus grande des satisfactions, génératrice du plus légitime des espoirs, que de lire sous une plume aussi autorisée :

Désordre non pas seulement d’un marché, mais de tous les marchés, et, pour en finir en une fois, de l’économie universelle. J’ai sous les yeux la liste des produits alimentaires «  détruits » à une époque infortunée où tant de gens souffrent de la faim, où tant d’autres sont sous-alimentés, où des millions et des millions d’êtres humains sont des chômeurs complets ou partiels qui apportent au logis juste de quoi ne pas mourir d’inanition :

Massacre de vaches, de porcs et de truies ; moutons jetés à la mer ; poissons précipités dans les flots, etc.

Destruction de milliers de tonnes de légumes, de fruits, d’orge, de café, d’épices, de thé, etc.

Faut-il parler des mesures analogues destinées à supprimer des tonnes de coton, de lin, etc.  ?

En quel temps vivons-nous ? Surproduction, répètent de bonnes âmes. Comment, surproduction ?

Quand il n’y a pas de pain, ni de vin, ni de rhum pour tous ? Le remède immédiat de la destruction s’impose, en effet, pour des raisons inéluctables ; mais qui prétendra que c’est un remède à proprement parler et non un expédient qui laisse entier le vrai problème, le seul qui compte, celui de la distribution, de l’utilisation des richesses constamment accrues que fournit l’agriculture et, en échange desquelles, une industrie constamment perfectionnée peut livrer des quantités toujours plus considérables de produits manufacturés dont l’agriculteur a besoin et pour produire mieux et pour mieux vivre ?

Bravo Monsieur le Ministre, vous avez compris. Et nous avons l’espoir que vous saurez bientôt placer le gouvernement auquel vous appartenez devant le vrai problème économique et social et devant sa seule solution.

Sinon - et nous terminerons comme vous avez vous-même terminé votre article « nous perdrions le droit de dire que nous vivons dans un monde civilisé ».

Aux Etats-Unis, en 1934, trois millions de fermiers ont reçu du gouvernement 777 millions de dollars (11 milliards et demi de francs) pour ne pas ensemencer 46.000.000 d’acres (18 millions d’hectares). En même temps, une enquête gouvernementale faisait ressortir que sur 5 enfants fréquentant les écoles, 2 étaient sous-alimentés. Enfin, simultanément, le gouvernement a dépensé 400 millions de dollars (6 milliards) pour édifier le barrage < Grand Coulee » qui est destiné à permettre la mise en valeur par irrigation de 1.250.000 acres de bonnes terres (500.000 hectares).

Un gouverneur de province aux E.-U. avait demandé du coton qu’on devait brûler pour que les chômeurs se fassent des matelas qu’ils ne pouvaient acheter. Après quelques semaines on lui a refusé tout envoi.

(Discours de Thomas R. Amlie au Congrès des Etats-Unis, le 26 août 1935.)

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