Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : décembre 1976
Mise en ligne : 13 mars 2008

« Exporter ou mourir », c’était, on s’en souvient, un des fondements de la doctrine économique du IIIe Reich. On sait où cela nous a conduits, mais cela n’empêche pas nos dirigeants de reprendre cette rengaine à leur compte (en supprimant toutefois l’alternative « mourir », rendons - leur cette justice !). Et tous nos brillants économistes de nous donner en exemple la République Fédérale Allemande qui, il faut bien le reconnaître, a réussi à conquérir de nombreux marchés extérieurs aux pays industrialisés (pays pétroliers, pays en voie de développement, pays de l’Est dont les besoins sont considérables).
Seulement, et c’est là que le bât blesse, ces besoins sont peu solvables, et les clients de la R.F.A. ont un endettement de plus de 80 milliards de deutschmarks dont plus de la moitié sont dûs par des pays de l’Est qui demandent sans arrêt de nouveaux crédits.
On voit donc qu’on fait tourner la machine pour l’exportation uniquement pour donner du travail aux ouvriers allemands, sans que cela rapporte quelque argent à la R.F.A. On peut se demander d’ailleurs ce qui se passera si un jour certains pays débiteurs décident unilatéralement de renier leurs dettes ?

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De substantiels gains de productivité ont été obtenus à la S.N.C.F. entre 1955 et 1976 : durant cette période, les effectifs en personnel ont diminué ; de 99 600, les horaires de travail sont passés de 48 à 40 heures par semaine, et le trafic a doublé. Autrement dit, la productivité du personnel - mesurée en unité de trafic par heure de travail - a augmenté de 170%.
La S.N.C.F. se propose de continuer son programme de développement des dispositifs automatiques pour améliorer le débit des lignes et diminuer les effectifs, tout en renforçant la sécurité. On constate, bien entendu, le même phénomène dans toutes les industries modernes et l’on ne peut que s’en réjouir... A condition d’adapter notre système économique pour que cet accroissement de productivité et cette sécurité accrue apportent un mieux-être à tout le monde.

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Grande-Bretagne : le Prince Philip s’en prend à l’Etat Providence : « Si l’Etat Providence assure une protection contre les échecs sociaux, il ne permet pas aux hommes entreprenants et à ceux qui travaillent dur de réussir comme ils le méritent ».
En Grande-Bretagne, en effet, les indemnités de chômage et les prestations sociales, ont augmenté de 16 % alors que les hausses de salaires ont été beaucoup plus limitées.
Le Prince soutient que l’innovation, le risque et l’esprit d’entreprise sont incompatibles avec une stabilité et une sécurité complètes.
A ma connaissance, le Prince bénéficie à la fois de la stabilité et d’une confortable sécurité. Que faut-il en conclure ?
Que ce qui est bon pour lui n’est pas bon pour les autres... ou alors, qu’il ne fait preuve ni d’innovation ni d’esprit d’entreprise ?

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L’abondance c’est encore et toujours l’ennemi numéro un :
Alors que le taux de marche de la sidérurgie française n’est que de 55 %, la Communauté Européenne Economique a mis au point un plan « anti-crise »
dont le but avoué est d’aboutir à une réduction ordonnée de la production lorsque la demande fléchit. La C.E.E. va fixer pour chaque entreprise, ou groupe d’entreprises, les programmes de production. Oui plus est, la Commission fixerait un prix minimal au dessous duquel les industriels ne devraient pas descendre sous peine de sanctions.

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Notre gouvernement ne manque jamais une occasion d’exhorter les industriels français à exporter davantage, mais les gouvernements des pays industrialisés en font autant de sorte que cela conduit immanquablement à des conflits. Le dernier exemple en date est celui qui oppose le Japon aux pays occidentaux à propos de la construction navale, domaine dans lequel le Japon est en passe de s’assurer la totalité du Marché. C’est ce qui a conduit M. Raymond Barre, notre Premier ministre, à déclarer  : « Il faut que la concurrence soit loyale et que les pays qui disposent d’avantages particuliers ne les utilisent pas de façon néfaste... J’espère que le japon qui exerce une pression suffisamment forte pour mettre en péril des pans entiers de l’industrie européenne, comprendra qu’il est de son intérêt de tenir compte des problèmes des autres ».
Quelqu’un a dit que le libéralisme économique c’est à peu près la loi qu’impose un renard dans un poulailler.
Mais que se passe-t-il quand il y a deux renards dans un même poulailler ?

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Un des critères les plus sûrs pour évaluer l’importance de l’innovation technologique sur l’économie est la productivité on constate depuis la dernière guerre mondiale que la productivité a toujours augmenté.
Faut-il donc s’étonner si, partout dans les pays industrialisés, le chômage augmente ?


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