Le pavé dans la mare


Publication : 1er décembre 1935
Mise en ligne : 2 octobre 2006

  Sommaire  

Nous publierons désormais, sous cette rubrique, des extraits de ce qui se publie sur notre président et sur notre action.

Dans la Défense Républicaine de La Rochelle, sous la signature de G. Yung  :

 AU FIL DES SEMAINES

M. Jacques DUBOIN est un économiste séduisant.

L’espèce est assez rare pour qu’on s’empresse de l’épingler dans la collection de ces insectes dont les variétés sont généralement peu amusantes.

Il y a les optimistes, les pessimistes, les physiocrates, les libéraux, les collectivistes, les associationnistes, les protectionnistes, les manchestériens, les marxistes, les hédonistes, les fabiens, les solidaristes, les anarchistes. Tous ces papillons, de nuances différentes, apportent à notre pauvre humanité l’espoir qu’en suivant leurs ailes brillantes et capricieuses, elle abordera dans le pays du bonheur.

Ce pays s’est appelé la République de Platon, l’Utopie de Thomas Morus, le Pays du Soleil de Campanella, la Lune de Cyrano, l’Icarie de Gabet, le Phalanstère de Prud’hon, la Clairière.

M. Jacques Duboin est un papillon aux idées critiques brillantes. Il nous séduit par son impeccable logique, son vigoureux bon sens et un optimisme qu’il puise, non dans la raison humaine, mais dans la nature et dans la science.

M. Duboin prétend que nous sommes dans la période de l’abondance. Nous avons, assure-t-il, du blé, du vin, des fruits, des textiles, des métaux, du caoutchouc, du pétrole, des machines, des hommes, des cerveaux, etc., à ne savoir qu’en faire. La preuve, c’est qu’on brûle des montagnes de stocks et qu’on « réglemente » sévèrement la production, considérée désormais comme un crime. De même, on gémit de voir tous ces bras qui s’offrent pour le travail et ces jeunes intelligences qui apportent au monde, inconsidérément, le moyen de produire encore plus, plus vite et meilleur ! Ce serait l’abomination ele la désolation !

M. Duboin s’étonne que les gouvernements et les hommes réputés comme sérieux voient toute la solution dans l’équilibre du budget de I’Etat, qui lui semble, à lui, un épisode dans le grand drame moderne.

Il constate que, sérieusement, et même organiquement, par une sorte de fatalisme qui tient à notre régime, nous cherchons à vendre cher et acheter à bon marché - à exporter beaucoup, mais à ne pas importer - à éviter la surproduction, mais à employer les capitaux - hausser les prix pour le producteur, mais à les baisser pour les consommateurs - à comprimer les prix de revient par le renvoi des ouvriers, mais à résorber le chômage, etc...

Toutes ces contradictions sont de plus en plus aiguës. Elles deviennent tragiques lorsqu’on voit des peuples prêcher une abondante surnatalité et se jeter ensuite dans des aventures de conquêtes, afin d’ensemencer de nouvelles terres qui augmenteront la surproduction !

La raison humaine semble complètement détraquée. Nous sommes dans la période la plus déboulonnée de notre malheureuse histoire.

Je suis, quant à moi, pleinement d’accord avec ces désolantes constatations qui, hélas ! crèvent les yeux. M. Duboin est un économiste aux ailes parfois grises (lorsqu’il analyse notre système économique basé sur la recherche exclusive du profit) et parfois brillantes (lorsqu’il montre, lorsqu’il chiffre les possibilités énormes de production agricole, minière, industrielle, qui peuvent encore se décupler dans un avenir prochain).

Seulement, à l’inverse des autres, il ne nous montre pas le chemin de son « Utopie » lui. Il ne veut pas grossir le nombre déjà impressionnant ides « plans » qui encombrent l’esprit public.

Et, beaucoup de ses amis lui disent : « Allons ! un petit effort ! Nous saluons votre démolition des traditionnelles erreurs et des solennelles sottises ! Nous ne demandons qu’à voir, avec des yeux que vous avez largement ouverts, et vous ne nous montrez rien ! »

M. Duboin a répondu : « Pourquoi réclamer mes conclusions ? Vous n’en voudrez pas. »

Il semble qu’il ait conscience d’une hardiesse qu’il juge lui-même excessive.

Qui sait ? Essayez, Monsieur. Bravo pour votre critique. Maintenant, concluez !

...Allons ! un petit effort !... A nous maintenant de demander à M. G. Yung s’il a fait celui de lire En route vers l’abondance, les yeux largement ouverts, comme il dit les avoir et s’il a bien vu cette fois.

 

Dans Commentaires, du 27 octobre, sous le titre Un effort sincère, un article est consacré à la conference donnée par Jacques Duboin à la Mairie du VIIIe Arrondissement.

M. J. DUBOIN se fait l’apôtre d’un évangile nouveau où toutes les aspirations intellectuelles, économiques et politiques peuvent se rencontrer sans se jeter réciproquement, l’anathème : l’évangile de la fraternité dans l’abondance. Ainsi parlait-il, jeudi soir, devant un nombreux auditoire que ne pouvait contenir la salle des Conférences de la Mairie du VIIIe Arrondissement.

Hélas comme dans le paradis de Moïse, et comme dans celui de Jésus, le bonheur y semble à la portée de la main, mais, pas plus que celui des deux autres, ce bonheur n’est immédiatement accessible à l’homme.

Du haut du mont Sinaï, Moïse entrevit la terre promise, où les rivières étaient de miel et où les arbres donnaient des fruits en toutes saisons ; mais Moïse ne toucha jamais la terre promise et les fils d’Israël y trouvèrent quelques épines à côté des roses.

Jésus n’eut pas plus de chance ; il est vrai que, d’après lui, son royaume n’était pas de ce monde.

M. Jacques Duboin, lui, nous annonce un paradis qui ressemble plutôt à celui de Mahomet :

- Vous ne travaillerez pas, dit-il, et tous vos besoins seront satisfaits à ,satiété. La tâche originelle, qui impose à l’homme l’obligation de gagner son pain à la sueur de son front, ne va pas tarder à être effacée : là où Jésus a fait faillite, la machine va réussir.

Et de nous sortir des statistiques établissant les rendements du blé, du vin, du coton, du charbon, de l’électricité, etc...

- Le monde produit au-delà de ce qui lui est nécessaire. Jouissez donc de vos biens au lieu de vous entretuer sur des richesses que vous préférez détruire que consommer ou faire consommer par ceux qui en manquent.

Il y a du vrai dans cela ; mais, hélas ! la tâche originelle persiste encore et elle pèse sur les rapports des individus et des nations.

- Votre système est périmé, dit encore M. Jacques Duboin : vous vivez sous le régime du pouvoir d’achat et ce pouvoir d’achat tend à disparaître. Renoncez-y donc et adoptez le besoin d consommation, puisque vous pouvez produire inépuisablement.

C’est vrai ; mais il y a toujours cette sacrée tâche originelle que nous portons en nous et qui persiste à nous conserver un état d’âme individualiste, capitaliste même.

Hélas ! les événements se moquent éperdument de la tâche originelle !

Ne dis jamais : ils sont trop bêtes, trop encroûtés... des graines germent dans les endroits les plus imprévus.

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Fichiers ePub et PDF du livre Les Affranchis de l’an 2000 de Marie-Louise DUBOIN.