Ce n’est pas le début, mais nous continuons le combat !

Éditorial
par  M.-L. DUBOIN
Publication : octobre 2015
Mise en ligne : 21 décembre 2015

  Sommaire  

En octobre 1935, quand est paru le premier numéro de La Grande Relève, les destructions dues à la première guerre mondiale avaient été réparées beaucoup plus vite que prévu, et le monde était en pleine crise économique  : 30 millions de chômeurs n’avaient pas de quoi vivre. Pourquoi ? Parce qu’on continuait à exiger d’eux qu’ils trouvent un emploi, alors que la production, qu’on disait “surabondante” parce qu’elle ne trouvait pas assez d’acheteur, n’avait pas besoin de leurs bras !

Aujourd’hui il y a plus de 200 millions de chômeurs dans le monde, selon l’OIT  : les technologies numériques permettent maintenant à d’autres ma­chines de se substituer non plus seulement aux bras de l’homme, mais aussi à son cerveau.

Depuis 80 ans, La Grande Relève montre à ses lecteurs que c’est la façon dont le système économique répartit les richesses produites qui doit absolument être remise en question. Elle ose dire que le système ca­pitaliste est devenu insupportable, sans avoir peur que cette affirmation soit interprêtée comme la volonté de voir s’établir un système totalitaire sous le nom trompeur de communisme ou de socia­lisme. Alors que nous sommes dans un régime totalitaire, celui de la finance, et qu’il s’agit d’en sortir.

Quand nous disons que notre ennemi, c’est la finance, ce n’est pas une phrase destinée à nous faire gagner une élection. Nous dénonçons la perversité des méca­nismes de la monnaie capitaliste (par exemple dans Mais où va l’argent ?) en expliquant pourquoi il faut la remplacer, et nous complétons en proposant les bases d’une monnaie qui permettrait le partage démocratique des richesses et des tâches.

Décrire quelques uns des excés intolérables auxquels aboutit le capitalisme ne suffit pas, il faut montrer que son impunité repose sur des croyances systèmatiquement entretenues et dont les études scien­tifiques les plus récentes démontrent la fausseté.

Or, certaines de ces croyances sont partagées, plus ou moins consciemment, par ceux-là même qui en paient les conséquences. Il nous faut donc combattre des leurres, par exemple expliquer pourquoi l’abolition du salariat est devenue une nécessité, montrer que ce qui est “moderne” n’est pas forcément “mieux”, progrès technique ne signifiant pas progrès social (c’est plutôt le contraire dans l’économie actuelle), etc.

 La monnaie

Qu’importe que d’autres avant nous aient mis en cause le capitalisme, l’important est de montrer que ses effets les plus graves sont dus au fait d’admettre a priori que n’est valable, ne doit être entrepris et poursuivi, que ce “qui paie”, que ce qui “rapporte” un salaire ou un profit. Ce pilotage par la rentabilité est d’autant plus pervers que les nouveautés techniques rendent possible tout et n’importe quoi.

Or comme il s’agit du fondement-même du capita­lisme, aucune loi ne peut le supprimer  ! Pour en sortir, il faut que cette façon de fonctionner soit rendue impossible. Ce que ferait la monnaie si elle ne pouvait plus être transférée. Elle ne serait alors qu’un pouvoir d’achat, mais pour tous, et pas seulement, comme aujourd’hui, pour ceux qui n’ont pas d’argent en trop pour le faire “travailler à leur place”.

 Et maintenant ?

Les dégâts humains et environnementaux de cette soumission à la finance sont de plus en plus dénoncés : en découvrant que les gouvernements prépa­rent en secret d’odieux traités de libre-échange, plus de 3 millions de personnes en Europe ont signé une pétition contre le TAFTA  ; les défenseurs du système ont manifesté un tel mépris de la démocratie, que d’autres pays, moins faciles à né­gliger que la Grèce, vont en tirer la leçon ; bientôt, après celui des autres “sommets”, l’échec de cop 21 à prendre et faire appliquer les mesures qui permettraient de limiter le réchauffement de l’atmosphère, va ouvrir des yeux sur le rôle que joue l’esprit capitaliste pour empê­cher tout ce qui pourrait rendre certains enrichissements moins faciles. Une prise de conscience se manifeste donc : une multitude de voix s’élèvent, partout dans le monde, pour dire : Assez !

Faudrait-il alors, en prenant prétexte de la diminution du nombre de nos abonnés, comme c’est le cas de toute la presse écrite, renoncer à publier nos analy­ses, et se contenter désormais d’es­pérer que nos propositions viendront plus tard, à l’idée de tous ces mouvements qui ne convergent encore que par leur refus des effets (et pas de la cause) du système que nous condamnons ?

Non, parce que la critique ne suffit pas. Pour avancer il faut savoir où on veut aller. Et pour remplacer ce funeste système, nous avons élaboré un projet qui tient la route. Je crois donc, au contraire, qu’il faut que lecteurs et rédacteurs redoublent d’efforts pour montrer quelle économie de partage peut se substituer à l’économie du marché.


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