Ce qui "nous scandalise"


par  J.-P. MON, M.-L. DUBOIN
Publication : février 1994
Mise en ligne : 13 décembre 2005

Dites-nous ce qui vous scandalise. Avec cette annonce, France Inter vient de lancer depuis quelques jours une grande campagne médiatique pour fêter en quelque sorte “l’appel du 1er février" lancé en 1954 par l’abbé Pierre.

Quarante ans déjà, les “trente glorieuses” sont passées par là et nous voilà revenus au point de départ, mais avec encore plus de SDF et de chômeurs !

Et que nous propose-t-on au-jourd’hui encore pour résoudre le problème des SDF ? Un grand appel à la charité publique. Comme si nous étions au Moyen-Age ! Comme si notre société, capable d’envoyer des satellites, de construire un tunnel sous la Manche, de produire des millions de voitures, cette société qui ne sait plus que faire de ses excédents agricoles...et de millions de mètres carrés de bureaux neufs, était incapable de trouver quelques milliards pour subvenir aux besoins élémentaires d’un dixième de sa population !

C’est la crise, nous dit-on, et il faut que nous nous serrions la ceinture jusqu’à ce que la croissance reprenne. Et que nous fassions preuve de charité envers nos semblables. Et par dessus le marché, on réussit à nous culpabiliser : les Français donnent beaucoup plus qu’il y a dix ans (7 milliards de francs en 1992) mais beaucoup moins que les Anglais (33 milliards). Il ne faut pas en rester là, mettez vite la main à votre portefeuille !

Nous voici dans une société de dames patronnesses !

C’est tellement patent qu’un homme comme Bertrand Poirot-Delpech (de l’Académie française) ne peut s’empêcher d’écrire dans le Monde du 8 décembre dernier : Le soir, la télévision prend le relais des chantages à l’émotion et à la mauvaise conscience, qui sont devenus son fonds de commerce. D’admirables apôtres nous rendent coupables des morts de froid que les politiques n’ont pas su empêcher. On nous demande de pallier des budgets de recherche médicale insuffisants, et de choisir, à l’audimètre, des priorités qui nous dépassent, entre sida, cancer et sclérose en plaques. En prime, il nous faut compatir avec les grands commis économiques qui n’auraient pas obtenu le poste qu’ils guignaient, eux dont on ne peut pas dire qu’ils aient brillé par le talent à anticiper les crises ! ...Mais toutes ces pratiques traduisent une déviation malsaine de la générosité et du lien social. Parce que le bon cœur se vend bien sur les ondes, qu’il rend confiance dans la nature humaine et qu’il pallie les carences des pouvoirs publics - lesquels s’en accommodent sans vergogne et se l’approprient - la mendigoterie généralisée est en passe d’occuper une place centrale dans le fonctionnement du pays et dans les solidarités entre citoyens. Jusqu’où ira ce dévoiement ?... »

Poirot-Delpech parle des économistes qui n’ont pas su anticiper la crise. Il y en a pourtant qui l’on fait depuis fort longtemps, mais personne, pas plus les media que les gouvernants, ne veulent les entendre. Faites-leur donc lire l’encadré de la page suivante [article suivant] :


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