Décroissance, un mot qui fait peur

Témoignage
par  R. WINTERHALTER
Mise en ligne : 31 août 2006

  Sommaire  

Dans ce monde où les riches deviennent de plus en plus riches et se contentent de jeter leurs miettes aux plus pauvres, qui deviennent pourtant de plus en plus pauvres, il est temps, grand temps de changer de cap.

Et même si cela fait peur.

En effet, les 3 personnes les plus riches du monde possèdent davantage que le PIB total des pays les plus pauvres de la planète. Et on essaie de nous fait croire que pour améliorer la situation il faudrait continuer à accumuler des richesses, qu’il faut de la croissance pour pouvoir distribuer des surplus ? Alors que, pour que tout le monde consomme comme nous, il faudrait aujourd’hui 8 planètes. Et si la croissance était de seulement 2 % jusqu’en 2050, c’est 30 planètes qu’il faudrait !!

 

C’est dans cet esprit que nous avons participé, du 7 au 9 juillet à St Nolff, aux premiers états généraux de la décroissance.

Je connaissais ce petit village breton, où j’étais allé, il y a quelques années, déclarer officiellement la localité “Commune du Monde”. Et c’est avec plaisir que j’y ai retrouvé le maire, Joël Labbé, qui, continuant envers et contre tout, à défendre des valeurs de fraternité et de solidarité active, a pris le risque d’accepter sur son territoire ce type de manifestation.

Les thématiques étaient multiples et variées : nourrir, habiter, réenchanter, soigner, décider, transmettre, informer, fabriquer, partager, désarmer.

Les débats, illustrés souvent par des témoignages concrets, nous ont confirmé dans nos convictions. En effet, la surexploitation de la planète est arrivée à un tel point de non retour qu’il ne s’agit plus de se contenter d’aménager la croissance, de parler de développement durable, de faire durer le plaisir en quelque sorte, car la coupe est pleine !

On ne peut plus tolérer l’intolérable. On ne peut pas accepter que les uns gèrent le superflu alors que d’autres vivent dans la pauvreté et l’exclusion.

Il est urgent d’imaginer d’autres concepts, qui fassent, par exemple, que l’entreprise soit au service de l’Homme (avec un grand H) et non pas du capital. Que la monnaie retrouve sa vraie fonction d’échange, de partage et non de spéculation. Que chacune et chacun bénéficient d’une allocation universelle, de la naissance jusqu’à la mort, c’est-à-dire ait un ticket pour la vie.

Bref, que l’économie devienne distributive et solidaire.

En un mot, il est urgent de construire une société où les uns et les autres apprennent à la fois à s’écouter pour mieux se comprendre et à rechercher leurs racines communes pour s’enrichir de leurs diversités.

 

Des mots, des mots, direz-vous en lisant ces quelques lignes. Et vous aurez raison car, si on reste au stade des bonnes intentions, si on se contente de dire et d’affirmer de grands principes sans passer au stade pratique, sans essayer de les mettre en application et de les vivre, cela ne servira à rien.

Et c’est là, à mon avis, que se situe le noeud du problème.

Lors de ces états généraux, nous avons rencontré des gens merveilleux qui effectivement tentent de vivre les principes que je viens d’énoncer. Mais il y en avait d’autres. Ils parlaient haut et fort. Par moments, ils occupaient tout l’espace. Et nous avons ainsi passé des heures et des heures à discutailler sur la forme (fallait-il rester en association ou dissoudre l’association, ou se retrouver de manière informelle, etc., etc.). Tout cela dans un climat de suspicion parfois insoutenable : les uns prêtaient des intentions aux autres, l’irrespect et l’intolérance étaient de mise, et la méfiance prenait le pas sur la confiance.

Personnellement, j’ai été assez choqué et je me suis posé la question : mais comment sera-t-il possible de vivre ensemble si même entre nous, nous ne sommes pas capables de nous supporter, de faire preuve de bon sens ?

Si je suis resté jusqu’au bout, c’est surtout par respect et solidarité avec les initiateurs. Néanmoins, et tout en ne pouvant pas m’empêcher de dénoncer ces attitudes, je me dis qu’il faut positiver.

Alors, sans vouloir passer pour un donneur de leçons, je pense qu’à l’avenir, il s’agira de veiller à lier systématiquement la pratique à la réflexion, de poser, au niveau des ateliers, des questions claires et précises (pour éviter les longues palabres), d’utiliser des méthodes d’animation qui permettent de susciter la participation active de l’ensemble des participants, de réfléchir aux liens à établir avec les SEL par exemple, les SOL aussi, les expériences de monnaies complémentaires, les adeptes de l’économie distributive, du temps choisi, de susciter, de développer l’esprit de RESISTANCE à travers un RESEAUTAGE réel et efficace.

Et de provoquer d’autres rencontres de ce type, au cours desquelles on mesure nos possibilités et nos limites, on envisage les pas en avant que nous pouvons faire ensemble et surtout où le VIVRE ENSEMBLE devient effectivement un mot d’ordre rassembleur.

Voilà sans doute un pari. Nous le relevons ici, en Alsace, en partenariat avec nos ami(e)s de l’autre côté du Rhin.


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